Le ministre tunisien de l'Intérieur, Taoufik Charfeddine, a accusé, dimanche, des personnalités nationales et politiques de « spoliation des deniers publics et d’instrumentaliser la Tunisie comme un fonds de commerce », sans pour autant les nommer.
Dans des déclarations faites aux journalistes, dans la capitale Tunis, Charfeddine a indiqué qu'un « grand nombre de personnalités, qui paraissent comme étant nationales et politiques, ainsi que des chefs de partis ont spolié les deniers publics et instrumentalisé le pays comme un fonds de commerce ».
Il a ajouté : « Les défis sont majeurs et vous devez soutenir Monsieur le Président (Kais Saied) pour le bien de la Tunisie et pour se diriger vers l'établissement de l’Etat de droit et des institutions ainsi que pour édifier des institutions démocratiques effectives et non pas de façade ».
Le ministre a encore dit : « Nous disposons d'institutions qui paraissent comme étant démocratiques. Ils ont construit un édifice formel composé en apparence d'institutions mais qui sont creuses de l'Intérieur. Ces institutions ne sont pas indépendantes mais tributaires d’eux ».
Et Charfeddine de poursuivre : « Le président Saïed veut édifier des institutions indépendantes effectives... La reddition des comptes par les corrompus ne sera possible qu'à travers l’application de la Loi et devant la justice ».
Le ministre de l'Intérieur a relevé que « si la justice accomplit son devoir, c’est tout le paysage qui sera métamorphosé et un grand nombre de traîtres en Tunisie, qui ont commis des crimes contre le peuple, sera démasqué ».
Plus tôt dans la journée du dimanche, des centaines de partisans du président Saied ont, dans un sit-in observé dans la capitale Tunis, réclamé la réalisation des objectifs du « processus du 25 juillet » et la reddition des comptes par les « corrompus ».
Depuis le 25 juillet dernier, la Tunisie souffre d’une crise politique aigue, à la suite des mesures d'exception prises par le président Saïed, s’agissant, notamment, de la dissolution du Parlement et du Conseil supérieur de la Magistrature, de l'abrogation de l'Instance de contrôle de la constitutionnalité de lois, tout en légiférant par voie de décrets présidentiels.
Plusieurs forces politiques tunisiennes considèrent ces mesures comme étant « un coup d'Etat contre la constitution », tandis que d'autres forces estiment qu'il s'agit d'une « restauration du processus de la Révolution 2011 », qui avait déposé le président Zine el Abidine Ben Ali (1987- 2011).
Saied a souligné que ces mesures ont été prises « dans le cadre du texte de la Constitution » pour protéger l'Etat « d'un danger imminent », mettant l'accent sur la non-atteinte des libertés et des droits.
Source : AA