Le chef du Mouvement tunisien Ennahdha et président du Parlement dissous, Rached Ghannouchi, a souligné, dimanche, que son parti ne craint pas la reddition des comptes, estimant que « dix mois de recherche de faits condamnant Ennahdha ont échoué ».
Ghannouchi tenait ces propos au cours d'une cérémonie organisée par son parti, au siège du Mouvement dans la capitale Tunis, pour commémorer les événements du 8 mai 1991 à l'Université tunisienne, selon un extrait d’une vidéo mise en ligne par Ennahdha sur sa page officielle du Réseau « Facebook ».
Les évènements en question consistent en des manifestations estudiantines à l’intérieur de l’enceinte universitaire, pour réclamer la liberté de l’action syndicale et politique. Deux étudiants ont été tués et plusieurs autres blessés par les balles de la police qui était implantée à l’intérieur même des universités, un service qui a été dissous après la Révolution de 2011.
Ghannouchi a affirmé que son parti ne craint pas la reddition de comptes, estimant que « dix mois de recherche de faits condamnant Ennahdha ont échoué ».
« Ils disent : Nous voulons la reddition de comptes et bien vous êtes les bienvenus pour demander des comptes. Cela fait 10 mois que cela se poursuit », a lancé Ghannouchi.
Et Ghannouchi de poursuivre : « Voici (Noureddine) B’hiri (vice-président d’Ennahdha) , un revenant d'un autre monde après qu'ils ont prétendu disposer de dossiers et de charges contre lui, mais ils n'ont rien trouvé et l'ont relâché ».
Le 9 mars dernier, les autorités tunisiennes ont élargi B’hiri, au terme de 67 jours de placement en résidence surveillée pour des soupçons de « terrorisme », un dossier qui a été qualifié par des opposants de « politisé ».
Plus tôt dans la journée du dimanche, des centaines de partisans du président Saied ont, dans un sit-in observé dans la capitale Tunis, réclamé la réalisation des objectifs du « processus du 25 juillet » et la reddition des comptes par les « corrompus ».
Le ministre tunisien de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, avait souligné, pour sa part, qu'un « grand nombre de personnalités, qui paraissent comme étant nationales et politiques, ainsi que des chefs de partis ont spolié les deniers publics et instrumentalisé le pays comme un fonds de commerce ».
Depuis le 25 juillet dernier, la Tunisie souffre d’une crise politique aigue, à la suite des mesures d'exception prises par le président Saïed, s’agissant, notamment, de la dissolution du Parlement et du Conseil supérieur de la Magistrature, de l'abrogation de l'Instance de contrôle de la constitutionnalité de lois, tout en légiférant par voie de décrets présidentiels.
Plusieurs forces politiques tunisiennes considèrent ces mesures comme étant « un coup d'Etat contre la constitution », tandis que d'autres forces estiment qu'il s'agit d'une « restauration du processus de la Révolution 2011 », qui avait déposé le président Zine el Abidine Ben Ali (1987- 2011).
Saied a souligné que ces mesures ont été prises « dans le cadre du texte de la Constitution » pour protéger l'Etat « d'un danger imminent », mettant l'accent sur la non-atteinte des libertés et des droits.
Source : AA