Les avocats du détenu d’opinion, Hakim Debbazi, décédé, le 24 avril dernier en prison, ont déposé, ce mercredi, une plainte au nom de sa famille contre l’Etat algérien. L’action a annoncé Heloise Sadeg, avocate et tante maternelle du détenu, porte sur « non-assistance à personne en danger » et « homicide involontaire ».
La plainte, selon cette avocate citée par le comité pour la libération des détenus d’opinion, a été déposée auprès du tribunal de Sidi M’hamed d’Alger. Les avocats de la famille du détenu considèrent que « le directeur de la prison de Koléa à l’ouest d’Alger, le directeur général des prisons, le juge d’instruction, le ministre de la Justice et l'Etat algérien sont « responsables de ce drame national qui a ému toute l’Algérie en plein mois de ramadan ».
Ils condamnent également le « silence assourdissant » du ministère de la Justice qui « n’a toujours pas donné d’explication ou fait une autopsie pour déterminer les causes réelles du décès du détenu politique ».
Arrêté en février dernier, Hakim Debbazi, 55 ans et père de trois enfants, a été « retrouvé mort dans des circonstances troubles dans la prison de Koléa », où il attendait la programmation de son procès ».
Juste après l’annonce de son décès, des organisations algériennes et internationales ont réclamé l’ouverture d’une enquête indépendante. « Le décès du détenu d’opinion Hakim Debbazi en détention provisoire depuis le 22 février 2022, remet violemment en surface la question des détenus politiques et d’opinion, les conditions de leur détention et l’abus dans le recours au mandat de dépôt dans notre pays », avait précisé le Front contre la répression et pour les libertés dans un communiqué rendu public.
«Nous considérons que la généralisation de la détention provisoire, censée être l’exception, est une mesure coercitive illégale et injustifiée, elle remet gravement en cause les droits élémentaires de la personne humaine », avait ajouté la même source.
Pour sa part, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) interpelle les autorités judiciaires pour leurs demander d’informer l’opinion nationale sur les «circonstances et causes de la disparition tragique de Hakim Debbazi ». « Les plates-formes et réseaux sociaux ont largement diffusé l’information du décès d’un détenu d’opinion à la prison de Koléa. Les autorités judiciaires sont tenues d’informer l’opinion publique sur tous les détails, circonstances et causes de cette disparition tragique », avait insisté l’ONG algérienne.
L’institut des études sur les droits de l’homme du Caire en Egypte (CIHRS) a appelé également dans un communiqué rendu public sur sa page Facebook, les « autorités algériennes à ouvrir une enquête indépendante et approfondie sur la mort du militant du mouvement populaire et prisonnier d’opinion Hakim Debbazi, dont la mort est intervenu dans des circonstances mystérieuses ».
Amnesty International et EuroMed Rights ont affirmé, de leur côté, « qu’une enquête judiciaire indépendante doit être mise en place pour éclaircir les circonstances de ce décès ».
Source : AA