Pour ne pas induire en erreur l’opinion publique, le FMI doit éclairer sur la méthodologie des calculs de projection de croissance concernant l’économie algérienne. C’est ce qu’estime le professeur Abderrahmane Mebtoul qui précise que les recettes des hydrocarbures pour l’Algérie représente avec les dérivées environ 98% de ses entrées en devises.
« Comment avec un taux de croissance démographique entre 2020/2021 entre 1,8 et 2% selon les données officielles, une demande d’emploi environ 350.000 à 400.000 emplois par an qui s‘ajoute au taux de chômage actuel estimé en 2021 par le FMI à 13,4% avec un tel taux de croissance, le taux de chômage peut être de 11%, en 2022 et inférieur à 10% en 2023 ?», s’interroge le professeur.
« Pour le calcul du taux de chômage a-t-on ventilé les emplois créateur de valeur ajoutée des emplois rente qui constitue un transfert de valeur et l’emploi dans la sphère informelle à très faible productivité et a-t-on tenu compte des destructions d’emplois du fait de la crise, de la hausse des prix inputs et de la faiblesse de la demande publique via les hydrocarbures qui détermine toujours la croissance et les restrictions, uniquement pour le BTPH en 2021 plus de 500.000 emplois ? », continue-t-il. Pour MMebtoul, ces données du FMI contredisent les règles élémentaires de l’économie où le taux d’emploi est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité et c’est une loi universelle. Alors que selon la majorité des experts internationaux, il faut un taux de croissance en termes réels de 8/9% par an sur au moins cinq années pour absorber ce flux et atténuer les tensions sociales.
MMebtoul tient à préciser que le FMI prévoit un taux de croissance pour 2022 de 2,4% pour l’Algérie et avec une baisse du taux de chômage, ayant revu à la baisse ses projections pour les années 2022 et 2023, table sur un taux, de chômage respectivement, de 11,1% et 9,8%, alors qu’elle prédisait dans son rapport d’octobre une hausse de chômage à 14,7% en 2021, l’estime en 2021 à 13,4%, du fait d’un taux de croissance en 2021 de 4%.
« Attention à la vision purement monétaire où afin de préserver les réserves de change estimées à 44 milliards de dollars fin 2021, l’on bloque la machine économique, où en plus de l’inflation importée, l‘instabilité juridique et surtout monétaire, accélère le processus inflationniste afin de combler artificiellement le déficit budgétaire, par la dévaluation accélérée du dinar réalisant une épargne forcée et contribuant à la détérioration du pouvoir d’achat de la majorité », ajoute le professeur qui précise que l’Algérie, acteur stratégique et la stabilité de la région méditerranéenne et africaine, sous réserve d’une bonne gouvernance et de la valorisation du savoir, peut atteindre ses objectifs conciliant l’efficacité économique avec une profonde justice sociale, la cohésion sociale étant le nerf de la sécurité nationale.
Source : Algerie-Eco