Le mouvement tunisien Ennahdha a salué, jeudi, l'initiative du président de l'instance politique du parti Al Amal (L'espoir), Ahmed Nejib Chebbi, qui a appelé à la formation d'un front politique élargi pour faire face au "coup d'Etat".
C'est ce qui ressort d'une déclaration d'Ennahdha signée par son président, Rached Ghannouchi, et consultée par le correspondant de l'Agence Anadolu.
"Le mouvement Ennahdha salue l'initiative du militant Ahmed Nejib Chebbi, qui appelle à la formation d'un large front politique, apportant son soutien à toute démarche permettant d'unifier les efforts pour contrer le coup d'État et proposer des alternatives et des solutions pour sortir le pays des crises récurrentes qu'il traverse", indique la déclaration.
Intervenant lors d'une manifestation tenue, dimanche dernier dans la capitale, Tunis, Chebbi a appelé, à former un large front de "salut national" qui œuvrerait à unifier les actions sur le terrain, à préparer un programme de sauvetage et à pousser à la tenue d'une conférence de dialogue national sans exclusion aucune.
Concernant les accusations portées contre les opposants aux mesures du président Kaïs Saïed, selon lesquelles ils agiraient pour le compte de parties étrangères, portant ainsi atteinte à la souveraineté nationale, Ennahdha a affirmé "son attachement à la souveraineté du pays et son respect total de cette souveraineté dans toutes ses actions politiques."
Commentant la crise économique et sociale qui sévit dans le pays, le mouvement a tenu le président Saïed et son gouvernement pour "responsables de la détérioration de la situation économique, de leur incapacité à gérer le pays et de leur propension à alourdir le fardeau fiscal des citoyens. "
Elle a également tenu Saïed pour responsable, "de l'incapacité à contrôler la flambée des prix et la pénurie importante de plusieurs médicaments et de plusieurs produits alimentaires de base, notamment pendant le mois sacré du Ramadan."
L'économie tunisienne traverse sa plus grave crise depuis l'indépendance du pays dans les années cinquante du siècle dernier, en raison de l'instabilité politique qui règne dans le pays depuis la révolution de 2011, qui a renversé le régime de l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali, ainsi que des répercussions de la pandémie du coronavirus, tout en redoutant que les répercussions de la guerre ukraino-russe n'exacerbent la gravité de cette crise.
Dans le même contexte, Ennahdha a appelé Saïed à cesser "toute forme d'instrumentalisation du ministère de l'Intérieur pour bâillonner les opposants politiques".
Il n'y a pas eu de commentaire immédiat des autorités tunisiennes concernant la déclaration d'Ennahdha.
La Tunisie traverse une grave crise politique depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle le président Saïed a décidé d'imposer des mesures d'exception, notamment la dissolution du Parlement et du Conseil supérieur de la magistrature, la promulgation de lois par décrets présidentiels et la convocation d'élections législatives anticipées pour le 17 décembre 2022.
Des partis politiques tunisiens considèrent ces mesures comme un "coup d'État contre la Constitution", alors que d'autres y voient une "correction du cours de la révolution de 2011".
Saïed affirme, pour sa part, que ces mesures ont été "prises dans le cadre de la Constitution pour protéger l'État contre un danger imminent."
Source : AA