Le président tunisien Kaïs Saïed s'est entretenu mardi au Palais de Carthage avec l'envoyé spécial du président français Emmanuel Macron, Gilles Kepel.
Selon un communiqué de la Présidence de la République Tunisienne, consulté par le correspondant de l’Agence Anadolu, la rencontre entre Saïed et Kepel a abordé les solides relations d’amitié et de coopération fructueuse liant la Tunisie et la France.
« Les deux parties ont échangé les vues sur nombre de questions liées à la situation générale dans la région et dans le monde à la lumière des transformations effrénées et des crises récurrentes et leurs impacts à l'échelle régionale et internationale » poursuit le communiqué.
La Présidence de la République a souligné dans son communiqué que la rencontre était « une occasion renouvelée d'affirmer la foi commune dans les valeurs de liberté, de démocratie et de préservation des droits de l’homme ».
Plus tôt dans la journée de ce mardi, l'envoyé spécial de Macron a discuté avec la cheffe du gouvernement tunisien Najla Bouden des moyens de renforcer la coopération bilatérale en matière de protection des jeunes contre les dangers de « l'extrémisme violent », selon un communiqué du gouvernement.
L'émissaire français a affirmé avoir été chargé au mois de janvier de « l’élaboration d’un rapport sur les répercussions des changements survenus dans le bassin Sud et Est de la Méditerranée, et aussi la région du Sahel et du Sahara sur la société française, notamment pour ce qui est de l’Islam de France ».
Gilles Kepel est un politologue français, spécialiste du monde arabo-musulman et directeur de la Chaire Moyen-Orient Méditerranée à l'Institut d'études politiques de Paris.
La visite non annoncée de Kepel en Tunisie est concomitante à celle de la délégation du Parlement européen.
La délégation du Parlement européen composée des membre de la commission des affaires étrangères, a entamé, lundi, une visite officielle de 3 jours en Tunisie, au cours de laquelle elle mènera des consultations sur les progrès réalisés par la Tunisie sur la voie des réformes politiques et le retour à la stabilité institutionnelle, selon un communiqué de la délégation de l'Union européenne en Tunisie.
À cette occasion, la délégation du Parlement européen rencontrera des représentants du gouvernement, de partis politiques et de la société civile pour discuter de la manière dont l’UE peut continuer à soutenir la Tunisie dans son processus de réformes politiques et de consolidation démocratique.
Le 30 mars 2022, l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a adopté, lors d’une plénière virtuelle, un projet de loi abrogeant les mesures d’exception décidées par Saïed, le 25 juillet dernier. À cette date, le chef de l’État tunisien, avait pris une série de mesures d'exception, portant notamment suspension des travaux du Parlement et levée de l'immunité dont bénéficiaient les députés.
Il avait également suspendu l’Instance de contrôle de la constitutionnalité des lois et décidé de légiférer par voie de décrets, de même qu'il a dissous le Conseil supérieur de la magistrature.
Quelques heures après la tenue de la plénière en ligne de l’ARP, le locataire de Carthage a annoncé dans une allocution télévisée, la dissolution du Parlement « pour préserver l'État et ses institutions », qualifiant la plénière virtuelle et ses décisions de « tentative de coup d'État ratée ».
La majorité des forces politiques et sociales tunisiennes, rejette les décisions de Saïed, qu'elle considère comme étant « un coup d'Etat contre la Constitution », tandis que d'autres partis les soutiennent, estimant qu'il s'agit d'une « restauration du processus de la Révolution » de 2011.
Saïed, qui avait entamé un mandat présidentiel de cinq ans en 2019, a dit que ses décisions sont des mesures prises dans le cadre de la Constitution pour protéger l'Etat « d'un péril imminent », mettant l'accent sur la préservation des droits et des libertés.
Source : AA