L’UE « très préoccupée » par les derniers développements en Tunisie

L’Union européenne (UE) s’est déclarée « très préoccupée » par les derniers développements en Tunisie, notamment la dissolution de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP - Parlement) et les poursuites judiciaires entamées contre certains de ses membres.

Dans une déclaration publiée, jeudi, sur le site du Service européen pour l'action extérieure (SEAE - service diplomatique de l’UE), la porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, Nabila Massrali, a souligné que l’UE appelle « au retour, dans les meilleurs délais, à un fonctionnement normal des institutions » en Tunisie.

« Nous continuerons à suivre attentivement les différentes étapes de mise en œuvre du calendrier politique approuvé en décembre 2021 », a déclaré la porte-parole de la diplomatie européenne.

Le président de la République, Kaïs Saïed, avait dévoilé le 13 décembre 2021 une feuille de route avec un référendum prévu en juillet 2022 pour amender la Constitution et des élections législatives anticipées en date du 17 décembre 2022, après révision de la loi électorale.

Selon Massrali, « il est essentiel que le processus de réformes en Tunisie soit fondé sur un dialogue inclusif de tous les acteurs politiques et sociaux ».

« Tout en respectant pleinement la souveraineté du peuple tunisien, nous rappelons également l’importance du respect de l’acquis démocratique, de la séparation des pouvoirs, de l’État de droit et des libertés et droits fondamentaux, y compris les droits civiles et politiques, afin de garantir la stabilité et la prospérité du pays », a-t-elle ajouté.

La porte-parole de Josep Borrell, a salué les progrès effectués dans l’élaboration d’un programme de réformes économiques, et réitéré l’appui de l’UE au peuple tunisien « dans un contexte de crise sociale et économique d’envergure qui a été aggravée davantage par l’impact de l’agression russe de l’Ukraine ».

La France avait exprimé mardi sa préoccupation s’agissant des derniers développements en Tunisie (dissolution du Parlement), et appelé l’ensemble des forces politiques du pays, à s’engager dans un dialogue inclusif, et à éviter toute forme de violence.

La porte-parole du Quai d’Orsay, Anne-Claire Legendre, avait souligné que Paris « souhaite le retour, dans les meilleurs délais, à un fonctionnement normal des institutions, pour pouvoir répondre à l’urgence économique et sociale ».

Lundi, la Turquie avait déclaré que « la dissolution du Parlement élu en Tunisie est un coup porté à la volonté du peuple tunisien ».

De son côté, Washington s’est dit jeudi dernier « profondément préoccupé » par la décision unilatérale du président Saïed, de dissoudre le Parlement, soulignant que tout processus de réforme politique dans le pays devrait être inclusif et entrepris en coordination avec les différents partis politiques.

Mercredi dernier, l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a adopté, lors d’une plénière virtuelle, un projet de loi abrogeant les mesures d’exception décidées par Saïed, le 25 juillet dernier. À cette date, le chef de l’État tunisien, avait pris une série de mesures d'exception, portant notamment suspension des travaux du Parlement et levée de l'immunité dont bénéficiaient les députés.

Il avait également suspendu l’Instance de contrôle de la constitutionnalité des lois et décidé de légiférer par voie de décrets, de même qu'il a dissous le Conseil supérieur de la magistrature.

Quelques heures après la tenue de la plénière en ligne de l’ARP, le locataire de Carthage a annoncé dans une allocution télévisée, la dissolution du Parlement « pour préserver l'État et ses institutions », qualifiant la plénière virtuelle et ses décisions de « tentative de coup d'État ratée ».

La majorité des forces politiques et sociales tunisiennes, rejette les décisions de Saïed, qu'elle considère comme étant « un coup d'Etat contre la Constitution », tandis que d'autres partis les soutiennent, estimant qu'il s'agit d'une « restauration du processus de la Révolution » de 2011.

Saïed, qui avait entamé un mandat présidentiel de cinq ans en 2019, a dit que ses décisions sont des mesures prises dans le cadre de la Constitution pour protéger l'Etat « d'un péril imminent », mettant l'accent sur la préservation des droits et des libertés.

Source : AA

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