Le président tunisien annonce la dissolution du Parlement "pour préserver l'Etat"

Le président tunisien Kaïs Saïed a annoncé, mercredi, la dissolution de l'Assemblée des représentants du peuple (Parlement), considérant que ce que le Parlement avait fait le jour même était une "tentative de coup d'État ratée."

Cette annonce est intervenue quelques heures après que le Parlement (dont les prérogatives ont été gelées) a adopté, en séance plénière virtuelle, une loi annulant les mesures d'exception que Saïed avait adoptées le 25 juillet.

Dans un discours prononcé lors d'une réunion du Conseil de sécurité nationale dans la capitale, Tunis, Saïed a déclaré qu'il annonçait aujourd'hui "la dissolution du Parlement afin de préserver l'État et ses institutions".

Et de poursuivre : "Cet organe (le Parlement) s'est réuni et personne ne sait comment il a été appelé à se réunir puisqu'il il est gelé."

Dénonçant la question, il a déclaré : "Ils manipulent les institutions de l'État et dénigrent le peuple après l'avoir affamé et maltraité."

"J'affirme au peuple tunisien qu'il doit avoir foi en ses institutions étatiques, et qu'il y a des gens qui le protégeront contre ceux qui pensent en termes de secte et non en termes d'État", a ajouté le président tunisien.

Saïed a souligné que "toutes les mesures requises par la responsabilité historique de préserver la patrie seront prises, et nous nous conformerons aux lois et respecterons les libertés."

Le président tunisien a considéré que "ce qui s'est passé (en référence à la décision du parlement) est une tentative ratée de coup d'État et une conspiration contre la sécurité intérieure et extérieure de l'État."

Saïed a précisé avoir appelé la ministre de la Justice, Laila Jaffal, "en sa qualité de chef du Parquet" à ouvrir une enquête judiciaire à ce sujet.

Et d'ajouter : "J’appelle le peuple tunisien à résister, à faire preuve de solidarité et à ne permettre aucune infiltration. Le peuple exprimera, certainement, sa volonté d’une manière pacifique tout en respectant les lois de l’Etat."

Saïed a averti "que tout recours à la violence sera contré par la loi et nos forces armées militaires et sécuritaires ", ajoutant que "l'Etat ne sera jamais un jouet entre les mains de ceux qui ont tenté de le renverser."

Mercredi, 116 des 121 députés qui ont participé à la session plénière virtuelle du parlement ont voté pour la loi annulant les mesures d'exception du président Saïed (sur un total de 217 membres du Parlement), selon la députée Marwa bin Tamrout du Mouvement Ennahda (53 députés).

Lundi soir, Saïed avait mis en garde contre "les tentatives du parlement gelé de tenir des réunions".

Il a souligné que "l'État n'est pas une marionnette animée par des ficelles tenues de l'intérieur et de l'extérieur (sans autre précision), et les institutions de l'État tunisien ne sont pas fondées sur des missions courtes".

La majorité des forces politiques et sociales rejettent les mesures d'exception décidées par le président Saïd et les assimilent à un "coup d'État contre la Constitution", tandis que d'autres forces les soutiennent et les considèrent comme une "correction du cours de la révolution de 2011" qui a renversé le régime du président de l’époque Zine El Abidine Ben Ali.

Source : AA

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