Premier jour d’élections aux Pays Bas, sur fond de coronavirus

Le premier ministre Mark Rutte semble bien placé pour être réélu à un quatrième mandat, à l’heure où la pandémie a détourné l’attention des scandales et des autres sujets.

Les Pays Bas entament lundi 15 mars trois jours d’élections législatives, considérées comme un test de la gestion de l’épidémie par le gouvernement actuel, et qui devraient voir le Premier ministre Mark Rutte décrocher un nouveau mandat. Les élections, prévues à l’origine mercredi, ont été adaptées cette année en raison du Covid-19, avec l’ouverture des bureaux de vote à partir d’aujourd’hui, principalement pour les personnes à risque.

Mark Rutte avait annoncé la semaine dernière que des exceptions au couvre-feu, en vigueur de 21 heures à 04 heures 30, s’appliqueraient lors des élections afin de permettre aux électeurs de voter « sans entrave ». Les autorités néerlandaises ont exhorté les personnes âgées et celles vulnérables au coronavirus à se rendre aux urnes tôt, la majorité du reste de la population, y compris les chefs de parti, devant attendre mercredi pour voter.

Le pays est toujours soumis à des restrictions strictes, comprenant notamment un couvre-feu. L’instauration de cette mesure controversée fin janvier avait entraîné les pires émeutes qu’ont connues les Pays Bas depuis quarante ans. Et encore la veille du premier jour de scrutin, la police a utilisé des canons à eau à La Haye pour disperser une nouvelle manifestation antigouvernementale.

Un «bonus corona»

Le Premier ministre libéral conservateur Mark Rutte, au pouvoir depuis 2010, semble toutefois en passe d’être réélu pour un quatrième mandat, à l’heure où le coronavirus a détourné l’attention d’autres problématiques telles que l’immigration, qui avait dominé les élections précédentes. Les sondages d’opinion présentent le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) de Rutte comme grand vainqueur, avec environ 25 % des suffrages, loin devant les 13 % de son concurrent principal, le Parti pour la liberté (PVV) du député anti-islam Geert Wilders.

« Il semble que les électeurs de droite aiment vraiment le VVD et Rutte », explique André Krouwel, professeur en sciences politiques à l’Université libre d’Amsterdam. Pour le politologue, Rutte « bénéficie non seulement du « bonus Premier ministre », c’est-à-dire du fait d’être déjà à ce poste, « mais aussi le « bonus corona », car il était le porte-parole pendant la pandémie ».

Les partis conservateurs de l’Appel chrétien-démocrate (CDA) et de l’Union chrétienne (CU), tous deux membres de la coalition actuelle, se disputent la troisième place dans les sondages, ce qui signifie qu’ils pourraient également revenir au gouvernement. Mais avec de nombreux autres candidats non loin derrière, dont le parti écologiste GroenLinks, la forme qu’une nouvelle coalition gouvernementale pourrait prendre reste incertaine. Les pourparlers pour en créer une après les dernières élections de 2017 avaient duré sept mois.

Cette année, la gestion de l’épidémie de Covid-19 s’impose comme la problématique clé, dominant en grande partie le débat. Les autorités néerlandaises avaient tout d’abord adopté des mesures beaucoup plus laxistes que leurs voisins, et avaient connu un démarrage tardif de leur campagne de vaccination, avant de serrer la vis ces derniers mois. Surnommé le Premier ministre « Téflon » pour sa capacité à sortir indemne des crises politiques, Mark Rutte a pourtant été contraint de démissionner en janvier après que des milliers de parents ont été accusés à tort de fraude aux allocations familiales.

Le VVD « est au gouvernement depuis un certain temps et je pense que celui-ci a fait face à beaucoup de scandales, auxquels ils n’auraient peut-être pas survécu si le coronavirus n’était pas là », estime Floris van Dedem, un étudiant de 22 ans vivant à La Haye. « Je ne pense pas qu’ils auraient pu avoir autant de sièges » sans la crise sanitaire, souligne-t-il. D’autres questions, comme l’éducation et le climat, ont cependant aussi été soulevées lors de la campagne électorale. « En fin de compte, je crois que (le coronavirus) n’influencera pas mon choix car je pense qu’il y a d’autres sujets qui sont également importants », explique Bridget ten Cate, 40 ans, qui travaille au ministère des Finances.

Les élections néerlandaises seront suivies de près dans le reste de l’UE, puisqu’il s’agit de l’un des premiers tests majeurs de la réponse à la pandémie d’un gouvernement des Vingt-Sept cette année. Mark Rutte est le troisième dirigeant européen à être resté le plus longtemps en poste, après la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre hongrois Viktor Orban.

Source : Le Figaro

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