Les formations politiques du Courant démocrate, du Forum démocratique pour le travail et les libertés et du parti Républicain, ont exprimé, dans un communiqué conjoint, leur rejet catégorique de toute tentative de mainmise de Saïed sur les médias
Trois partis tunisiens ont mis en garde, mardi, contre « l'intervention flagrante » du président Kaïs Saïed dans la gestion des établissements publics de la Radio et de la Télévision tunisiennes.
C’est ce qui ressort d'un communiqué conjoint des formations politiques du « Courant démocrate » (social-démocrate - 22 sur 217 sièges au Parlement suspendu), du « Forum démocratique pour le travail et les libertés » (Ettakatol - social-démocrate - non représenté au Parlement) et du « parti Républicain » (Al-Joumhouri - centre - non représenté au Parlement), dont l’Agence Anadolu a obtenu copie.
Les partis en question ont fait savoir « qu’ils ont envoyé ce mardi une correspondance à la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica - constitutionnelle indépendante) dans laquelle ils expriment leur rejet de toute tentative de mainmise sur les médias ».
Et les trois formations politiques d’ajouter, « nous mettons en garde contre l'intervention flagrante du président de la République (Kaïs Saïed) dans la gestion des établissements publics de la Radio et de la Télévision tunisiennes afin de les instrumentaliser pour servir son projet putschiste ».
Les partis ont exhorté l’autorité chargée de la régulation des médias « à prendre position de manière claire et ferme contre les violations constatées et à s’acquitter des tâches qui lui sont confiées en tant qu'instance de régulation et de contrôle, afin de garantir la diversité et le pluralisme des médias ».
Le communiqué a également appelé la Haica à « adresser un avertissement direct à la direction de la Télévision tunisienne pour qu’elle assume sa responsabilité de préserver l'indépendance de la ligne éditoriale de l'établissement public ».
Les partis ont mis l’accent sur ce qu'ils considèrent comme « une intervention flagrante de Saïed dans la gestion de l’établissement de la Radio tunisienne, après avoir annoncé le 14 février, le limogeage de Chokri Cheniti, - qui était jusque-là à la tête de cet établissement public -, et l’annulation de toutes les nominations et désignations qu’il a opérées ».
La Présidence tunisienne avait indiqué, lundi dernier, dans un communiqué succinct que « le président de la République a décidé de mettre fin aux fonctions de Chokri Cheniti, chargé de diriger provisoirement l’établissement de la Radio tunisienne, et d’annuler toutes les nominations et désignations qu’il a opérées ».
Toutefois, la Présidence de la République n'avait pas communiqué les motifs de ce limogeage.
La Tunisie est en proie depuis le 25 juillet dernier à une crise politique aiguë, lorsque Kaïs Saïed avait imposé une série de mesures d'exception, s’agissant, notamment, de la suspension des activités du Parlement et du limogeage du chef du gouvernement, tout en accaparant le pouvoir exécutif et en légiférant par voie de décrets.
La majorité des forces politiques et civiles tunisiennes rejette les décisions de Saïed, qu'elle assimile à « un coup d'Etat contre la Constitution », tandis que d'autres partis les soutiennent, estimant qu'il s'agit d'une « restauration du processus de la Révolution » de 2011.
Source: AA