Le président tunisien Kaïs Saïed a annoncé, dans la soirée de dimanche, la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature signalant qu'il procéderait à la publication d'un décret provisoire à son sujet.
"Que ce conseil se considère comme faisant partie du passé dès maintenant", a-t-il lancé dans une vidéo diffusée sur la page officielle de la Présidence tunisienne, lors d'une visite qu'il avait effectuée au siège du ministère de l'Intérieur dans une heure tardive de la soirée de samedi.
"Je sais que les Tunisiens exigeront demain (dimanche) la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature. Vous avez le droit de manifester... et vous avez le droit de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature", a-t-il ajouté.
Le mouvement « 25 juillet » (soutenant le président tunisien) organise un sit-in de protestation devant le Conseil supérieur de la magistrature dans la capitale, Tunis, exigeant sa dissolution.
Et Saïed de poursuivre : "Nous allons travailler à la mise en place d'un décret provisoire pour le Conseil supérieur de la magistrature. Que ce conseil se considère comme faisant partie du passé à partir de maintenant. Dans ce conseil, les postes et les nominations se vendent et se font selon les appartenances. Nous travaillerons pour mettre fin à cette situation misérable".
"Nous ne laisserons pas le peuple tunisien en jeu tant que certains circuits (judiciaires) ne seront pas connus sous le nom de circuit d'un tel. Vous ne pouvez pas imaginer l’argent que certains juges ont pu recevoir, des milliards et des milliards... La place de certains juges (du CSM) n’est pas là où ils se trouvent mais sur le banc des accusés "a-t-il renchéri.
A noter qu'il n'a pas été possible d'obtenir un commentaire immédiat du Conseil supérieur de la magistrature sur les propos du chef de l'Etat.
Ce dernier avait considéré, dans des déclarations antérieures, que le pouvoir judiciaire est une « fonction de l'État », et avait à plusieurs reprises évoqué la possibilité de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature (un organe constitutionnel indépendant), qui avait précédemment annoncé son refus de réformer le pouvoir judiciaire par décrets présidentiels.
La Tunisie est en proie à une crise politique depuis que le chef de l’Etat avait décidé le 25 juillet dernier de révoquer le Chef du gouvernement Hichem Mechichi, de geler les pouvoirs du Parlement pour une durée de 30 jours, et de lever l’immunité des députés dans le cadre de mesures d’exception. Kaïs Saïed avait annoncé également qu’il s’arrogeait le pouvoir exécutif avec l’aide d’un gouvernement dont il désignera le chef et a procédé dans les jours suivants à une série de limogeages de ministres et de hauts responsables dans l’appareil de l’Etat.
Le Président tunisien avait décidé de supprimer l'instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des projets de loi, de légiférer par décrets présidentiels et d'exercer le pouvoir exécutif avec l'aide d'un gouvernement, alors que des observateurs et des parties politiques estiment que les nouvelles dispositions présidentielles constituent « un coup d’État contre la Constitution ».
La majorité des partis ont rejeté les décisions de Saïed, prorogées en date du 24 août écoulé. Certains partis ont qualifié ces décisions de « coup d’Etat contre la Constitution », tandis que d’autres formations politiques les considèrent comme une « restauration du processus », sur fond de crises politiques, économiques, et sanitaires (Covid-19).
Source : AA