Tunisie : le procureur de la République refuse une demande du président Saïed d'incarcérer Bhiri

Le procureur de la République tunisienne a refusé une demande de Kaïs Saïed d'émettre un mandat de dépôt en prison contre le vice-président du mouvement Ennahdha, Noureddine Bhiri, actuellement en résidence surveillée.

C'est ce qui ressort d'un texto posté, samedi soir, par Riadh Chaîibi, conseiller de Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha, sur sa page Facebook.

"Le président de l'association des jeunes magistrats tunisiens, Mourad Messaoudi, a affirmé que le chef de l'Etat avait demandé au procureur de la République près du Tribunal de première instance de Tunis d'émettre un mandat de dépôt en prison contre le vice-président du mouvement Ennahdha (Bhiri). Laquelle demande a été rejetée par le Procureur pour insuffisance de preuves permettant de condamner Bhiri", a écrit Chaîibi.

Les autorités tunisiennes n'ont pas commenté dans l'immédiat cette déclaration.

Lundi dernier, le ministre de l'Intérieur, Taoufik Charfeddine, avait déclaré que Noureddine Bhiri ainsi qu'un ancien cadre du ministère de l'Intérieur, Fethi Baldi, avaient été mis en résidence surveillée pour des "soupçons de terrorisme", en l'occurrence l'octroi à un couple syrien de documents de voyage et de la nationalité tunisienne "de façon illégale".

La famille de Noureddine Bhiri, son comité de défense et le Mouvement Ennahdha (plus grand bloc parlementaire avec 53 députés sur 217), ont rejeté cette accusation la qualifiant de "politisée" et demandant sa libération immédiate tout en jetant la responsabilité du sort de Bhiri sur le Président et son ministre de l'Intérieur.

Dimanche dernier, les autorités tunisiennes avaient transféré Noureddine Bhiri (63 ans) au service de réanimation de l'hôpital universitaire Habib Bougatfa à Bizerte, suite à la dégradation de son état de santé du fait d'une grève de la faim sauvage qu'il avait observée depuis son arrestation le 31 décembre dernier.

L'affaire Bhiri intervient dans un contexte de crise politique, depuis le 25 juillet dernier, lorsque le président Saïed a suspendu les travaux et les prérogatives du Parlement, limogé le chef du gouvernement et émis une série de décrets-lois.

La plupart des puissance politiques et civiles du pays, dont le mouvement Ennhdha rejettent ces mesures et les considèrent comme "coup d'Etat contre la Constitution", alors que d'autres parties les soutiennent, les considérant comme une rectification du processus révolutionnaire de 2011 qui avait mis fin au règne du président Zine El-Abidine Ben Ali (1987-2011).

Source : AA

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