Un tribunal tunisien a rendu une décision en première instance, par contumace, ce mercredi, condamnant l'ancien président, Mohamed Moncef Marzouki (2012/2014) à 4 ans de prison avec "exécution immédiate", pour "atteinte à la sécurité extérieure de l'Etat".
"Le tribunal de première instance de Tunis a rendu une décision par contumace contre l'ancien président Mohamed Moncef Marzouki (qui se trouve hors de la Tunisie), le condamnant à une peine de quatre ans de prison, avec autorisation d'exécution immédiate" a rapporté l'agence de presse officielle.
La même source a expliqué que le verdict le condamnait pour "atteinte à la sécurité extérieure de l'État par un Tunisien (Marzouki) en établissant des contacts avec des agents d'un pays étranger dans le but, ou les résultats, étant de nuire à la position diplomatique de la Tunisie".
Au début du mois de novembre, la justice tunisienne a lancé un mandat d'arrêt international contre Marzouki, en raison de ses déclarations, le mois précédent, dans lesquelles il affirmait avoir cherché à faire annuler la tenue du sommet de la francophonie en Tunisie, à la fin de cette année.
Marzouki a déclaré à la chaîne française, France 24, qu'il était "fier de ses efforts avec les responsables français pour empêcher la tenue du Sommet de la Francophonie en Tunisie, étant donné le fait qu'organiser un tel événement dans un pays qui a été le théâtre d'un coup d'État serait un appui à la dictature et à la tyrannie".
Alors qu'il était prévu d’organiser le sommet sur l'île de Djerba, au sud-est de la Tunisie, en novembre dernier, le Conseil permanent de la Francophonie a recommandé de le reporter à l'année prochaine, tout en préservant le droit de la Tunisie à organiser l’événement.
À la mi-octobre 2021, le président tunisien Kaïs Saïed a annoncé que le passeport diplomatique sera retiré à quiconque irait quémander une aide étrangère pour "léser" les intérêts tunisiens.
Ces propos ont été tenus après que le Syndicat du corps diplomatique tunisien (qui réunit des employés du ministère des Affaires étrangères) ait accusé Marzouki d'inciter les autorités d'États étrangers à prendre des mesures punitives contre la Tunisie, ce que Marzouki a nié, et considéré comme des accusations "mensongères".
La Tunisie traverse une grave crise politique depuis le 25 juillet dernier, après que le président du pays, Kaïs Saïed, ait adopté des mesures d'exception, dont le gel des prérogatives du Parlement, la levée de l'immunité de ses députés, la suppression de l'organe de contrôle de la constitutionnalité des lois, la promulgation de lois par décrets présidentiels, le limogeage du Premier ministre et la formation d’un nouveau gouvernement.
La majorité des forces politiques et civiles tunisiennes rejettent ces mesures et les considèrent comme un "coup d'État contre la Constitution", tandis que d'autres forces les soutiennent comme une "rectification du cours de la révolution de 2011", dans un contexte de crise sanitaire (la pandémie de coronavirus).
Saïed, qui a entamé un mandat présidentiel de 5 ans en 2019, affirme avoir pris "des mesures dans le cadre de la Constitution pour protéger l'Etat d'un danger imminent", soulignant que les droits et libertés ne seront pas violés.
Source : AA