Le président tunisien, Kaïs Saïed, a estimé, jeudi, que la crise de son pays se résume à la Constitution de 2014, qui est, selon lui, dépourvue de toute légitimité et n’est plus valable en Tunisie.
Saïed recevait, au Palais présidentiel de Carthage, trois professeurs spécialistes en droit constitutionnel à l'Université tunisienne, à savoir ; Sadok Belaïd, Amin Mahfoudh et Mohamed Saleh Ben Aïssa, pour discuter de la légitimité de la Constitution tunisienne adoptée en janvier 2014, selon un communiqué de la Présidence de la République tunisienne.
« Le problème en Tunisie aujourd'hui résulte de la Constitution de 2014 (…) Il s'est avéré que cette Loi fondamentale n’est plus valable et qu’on ne peut poursuivre sa mise en œuvre car elle est dépourvue de toute légitimité », a expliqué le locataire de Carthage.
Et Saïed d’ajouter, « Celui qui respecte la souveraineté du peuple ne sollicite pas l’appui de parties étrangères (sans les nommer) (…) La construction de l'avenir ne peut se faire par les injures et les calomnies proférées contre les institutions de l’État ».
« La voie à emprunter est désormais évidente, il s’agit de s’en remettre au peuple d'une manière nouvelle et complètement différente (sans la préciser), et trouver une solution juridique qui tienne compte de la volonté et de la souveraineté du peuple », a soutenu le chef de l’Etat tunisien, sans plus de détails.
La Tunisie est en proie, depuis le 25 juillet dernier, à une crise politique aiguë. À cette date, Kaïs Saïed, avait pris une série de mesures d'exception, portant notamment suspension des travaux du Parlement et levée de l'immunité dont bénéficiaient les députés.
Il avait également suspendu l’Instance de contrôle de la constitutionnalité des lois et décidé de légiférer par voie de décrets, de même qu'il a limogé de son poste le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, prenant ainsi la tête de l'exécutif, assisté d'un gouvernement dont il a nommé la cheffe en la personne de l’universitaire Najla Bouden Romdhane.
La majorité des forces politiques tunisiennes, rejette les décisions de Saïed, qu'elle considère comme étant « un coup d'Etat contre la Constitution », tandis que d'autres partis les soutiennent, estimant qu'il s'agit d'une « restauration du processus de la Révolution » de 2011, qui avait déposé le régime de l'ancien président, Zine El-Abidine Ben Ali.
Saïed avait, à maintes reprises, essayé de rassurer l’opinion publique tunisienne et les chancelleries étrangères, en affirmant qu'il n’avait pas l’intention d’instaurer un régime autocratique en Tunisie, ni de porter atteinte aux droits et libertés, mais vise à remédier à la situation par des réformes, après avoir invoqué l'existence d’un « péril imminent » qui menace l'Etat tunisien.
Des experts et des observateurs ont évoqué récemment la possibilité de l’abrogation de la Constitution de 2014 par Kaïs Saïed.
Source : AA