Le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, a annoncé samedi que la centrale syndicale rejette tout « soutien inconditionnel » aux mesures d’exception du 25 juillet décidées par le président tunisien, Kaïs Saïed.
C'est ce qui ressort d’une allocution prononcée par Taboubi, lors d'une conférence de presse en marge d'une conférence sectorielle organisée par l’UGTT à Hammamet (nord).
« Notre pays, endure malheureusement, une crise (...) Ce pays, qui dispose de tous les moyens pour réussir, n'a trouvé personne pour le sauver, et il a aujourd'hui besoin plus que jamais d’un élan national réformiste pour sortir de cette crise », a déclaré Taboubi.
Et le secrétaire général du principal syndicat du pays d’ajouter « Nous étions convaincus par les mesures d’exception du 25 juillet décidées par le président (Saïed) au regard de la situation politique pourrissante qui a compromis les aspirations du peuple tunisien, et plus encore celles des jeunes qui rêvent d’une vie digne et d’un travail décent (…) nous nous sommes dit qu’il fallait une nouvelle option pour construire l'avenir de la Tunisie en tirant les conséquences de toutes les erreurs du passé ».
« Malheureusement, nous n’avons constaté aucun motif positif jusque-là, - malgré le temps considérable écoulé depuis l’annonce des mesures du 25 juillet -, qui puisse amener l’UGTT à donner un chèque en blanc », a déploré le responsable syndical.
Par voie de communiqué publié le 29 octobre dernier, l’UGTT avait exhorté le président de la République, Kaïs Saïed, à mettre fin à l’état d’exception dans le pays et à définir des orientations de manière à créer les conditions nécessaires de la stabilité pour poursuivre la construction de la démocratie.
La Tunisie est en proie, depuis le 25 juillet dernier, à une crise politique aiguë. À cette date, Kaïs Saïed avait pris une série de mesures d'exception, portant notamment suspension des travaux du Parlement et levée de l'immunité dont bénéficiaient les députés.
Il avait également suspendu l’Instance de contrôle de la constitutionnalité des lois et décidé de légiférer par voie de décrets, de même qu'il a limogé de son poste le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, prenant ainsi la tête de l'exécutif, assisté d'un gouvernement dont il a nommé la cheffe en la personne de l’universitaire Najla Bouden.
La majorité des forces politiques tunisiennes rejette les décisions de Saïed, qu'elle considère comme étant « un coup d'Etat contre la Constitution », tandis que d'autres partis les soutiennent, estimant qu'il s'agit d'une « restauration du processus de la Révolution » de 2011, qui avait déposé le régime de l'ancien président, Zine El-Abidine Ben Ali.
Source : AA