Le président du Parlement tunisien, Rached Ghannouchi, a déclaré samedi que « l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP/Parlement), dont les travaux sont suspendus, sera rétablie qu’on le veuille ou non ».
Ghannouchi estime que « le Parlement est à l’origine de grandes réalisations et les ennemis de la révolution ont œuvré à le dénigrer ».
C'est ce qui ressort de l’allocution de Rached Ghannouchi, leader du mouvement d’obédience islamique « Ennahdha » (le plus grand bloc parlementaire avec 53 députés sur 217) lors d’une réunion avec les dirigeants du mouvement à Bizerte (nord), selon le correspondant de l’Agence Anadolu.
La Tunisie est en proie, depuis le 25 juillet dernier, à une crise politique aiguë. À cette date, le président Kaïs Saïed avait pris une série de mesures d'exception, portant notamment suspension des travaux du Parlement et levée de l'immunité dont bénéficiaient les députés.
Il avait également suspendu l’Instance de contrôle de la constitutionnalité des lois et décidé de légiférer par voie de décrets, de même qu'il a limogé de son poste le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, prenant ainsi la tête de l'exécutif, assisté d'un gouvernement dont il a nommé la cheffe en la personne de l’universitaire Najla Bouden.
Ghannouchi a déclaré, lors de cette réunion partisane que « l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) dont les travaux sont suspendus, sera rétablie qu’on le veuille ou non ».
Et le chef de file du mouvement « Ennahdha » d’ajouter « le Parlement est une autorité constitutive qui a élaboré et approuvé plusieurs lois à caractère social, comme la loi n° 38 qui porte sur les dispositions exceptionnelles d'affectation dans le secteur public pour les personnes dont la durée de chômage dépasse les 10 ans, et la loi sur le financement participatif ».
Le responsable politique a estimé que « les ennemis de la révolution (sans les nommer) ont œuvré à dénigrer le Parlement », soulignant que « le mouvement Ennahdha représente un facteur de stabilité pour le pays ».
« Vous pouvez être fiers de vous, parce que vous êtes un facteur de stabilité pour ce pays en dépit des campagnes de dénigrement », a déclaré Ghannouchi à l’adresse des dirigeants de son mouvement.
Et le leader d’« Ennahdha » d’ajouter, « La révolution, la liberté et la démocratie ont un avenir dans ce pays tant que la société est déterminée à faire triompher les principes de la révolution, malgré le coût économique que nous avons payé ».
« Le putschiste (en référence à Saïed) veut replacer la Tunisie sous la férule du ministère de l’Intérieur », a soutenu Ghannouchi, faisant observer en ce sens qu’ « Ennahdha et les partisans de la liberté et de la révolution, ne le permettront aucunement ».
« Le coup d’État a échoué dans tous les dossiers sur lesquels il a bâti ses illusions (…) ni la reprise économique, ni le développement, ni le progrès social, n’ont été réalisés comme promis, mais plus encore, le principe du droit au travail a été abrogé », a estimé le président du parti « Ennahdha ».
La majorité des forces politiques tunisiennes, dont le mouvement « Ennahdha », rejette les décisions de Saïed, qu'elle considère comme étant « un coup d'Etat contre la Constitution », tandis que d'autres partis les soutiennent, estimant qu'il s'agit d'une « restauration du processus de la Révolution » de 2011, qui avait déposé le régime de l'ancien président, Zine El-Abidine Ben Ali.
Source : AA