Les secrets de la réussite du groupe Lafarge en Algérie

« Entreprendre donc servir », c’est un intéressant ouvrage sur la réimplantation de la firme internationale Lafarge en Algérie que viennent de publier Luc Callebat ex Directeur Général de Lafarge Algérie et Jean-Maurice Vergnaud, aux éditions Manitoba sous le titre « Entreprendre, donc servir ».

C’est vraiment un cas d’école que décrivent avec force détails, ces deux top managers qui ont su relever le challenge fort compliqué du retour de la firme internationale Lafarge en Algérie, en appliquant un style de management original, mêlant impératifs de bonne gestion et sincères intentions humanistes. Le groupe cimentier Lafarge qui avait quitté le pays dans les années 70, suite à la nationalisation de ses actifs, est en effet revenu en Algérie en 2010 à la faveur d’un très controversé rachat des cimenteries en activité et en projets, appartenant au groupe industriel égyptien Orascom.

Cette transaction effectuée sans l’aval des hautes autorités algériennes, avait effectivement suscité le courroux de l’ex président Bouteflika qui avait réagi en fermant le jeu de l’investissement étranger désormais assujetti à la règle du 49/51, contraignant les investisseurs étrangers â s’associer à un ou plusieurs partenaires algériens, détenant la majorité du capital de l’entreprise.

Lafarge a donc repris les affaires du groupe Orascom comme un intrus, dans une ambiance â tous points défavorables. Il fallait commencer par redorer son blason, terni par les discours au vitriol des dirigeants algérien à commencer par l’ex président Bouteflika, qui considérait cette cession pirate comme un coup bas, voire même une impardonnable trahison de son ami Sawiris patron d’Orascom. Il fallu donc au repreneur Lafarge, des trésors de patience et d’actions multiformes prouvant sa bonne foi et sa capacité entrepreneuriale, pour faire oublier ce « péché originel » et restaurer la confiance qui permettra à Luc Callebat expressément dépêché par les plus hauts dirigeants du Groupe, de relever avec éclat le défi industriel.

Il faudra beaucoup de courage et, sans doute, beaucoup de savoir faire et de capacité d’adaptation à une société algérienne, réputée fermée aux étrangers. Il fallait aussi se mouvoir dans un environnement juridique confus et instable qui faisait la part belle à la qualité des relations personnelles â entretenir avec les dirigeants algériens et les administrations publiques qui détiennent le pouvoir de vous faire réussir ou échouer.. C’est un challenge auquel s’attèlera avec succès le directeur général de Lafarge Algérie, Luc Callebat, aidé en cela par une poignée de cadres recrutés sur place ou venus de France, avec bien entendu, le précieux concours de la diplomatie française.

Il parviendra au terme d’intenses efforts, à transformer et intégrer cette société à l’intérieur d’une firme mondiale à très fort potentiels industriel et managérial.

Au bout de son mandat de 5 années, Luc Callebat fera de cette société mal servie par son passé et la maladresse de l’OPA dont elle fut issue, un acteur économique performant et digne de confiance, de surcroît parfaitement intégré à son environnement. Ses résultats économiques, son modèle d’organisation, ses préoccupations écologiques ponctuées par ses nombreuses « succès stories » susciteront la fierté de ses employés, qui considèrent leur appartenance à Lafarge Algérie, comme une promotion à la fois professionnelle et sociale.

Les témoignages empreints d’émotion de Luc Callebat et Jean-Maurice Vergnaud, nous font part de l’ambiance particulière dans laquelle a baigné Lafarge Algérie tout au long de ces cinq années d’implantation et de montée en cadence. Ils y décrivent les relations parfois tumultueuses avec les dirigeants politiques et administratifs, l’environnement social hostile au tout début de l’aventure, le vécu parfois dramatique des cadres et employés trouvant parfois réconfort au sein de l’entreprise, dont rapportées avec force détails par les auteurs.

Les actions citoyennes engagées en faveur des travailleurs et des populations locales, le dialogue social permanent grâce auquel furent désamorcées bon nombre de grèves, les nombreux investissements périphériques au métier de base entrepris sur fonds propres, l’innovation permanente, le perfectionnement continu des cadres, la mise en relation avec les universités du pays et autres initiatives à l’actif des dirigeants principaux, conforteront au gré du temps, la bonne réputation de Lafarge en Algérie.

Tous ces témoignages tirés de ce véritable cas d’école que constitue Lafarge Algérie, font de ce livre bien écrit et didactique, un vivier d’inspiration, que nous conseillons vivement aux chefs d’entreprises, aux managers intermédiaires, aux entrepreneurs en devenir, mais aussi et surtout, aux étudiants des instituts et facultés de de management.

Source : Algerie-Eco

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