Tunisie : La présidence du Parlement appelle Saïed à mener un dialogue national élargi

La présidence du Parlement tunisien a renouvelé, lundi, son appel au président Kaïs Saïed à engager "un dialogue national élargi qui permettrait de sortir le pays de sa crise étouffante, d'engager de grandes réformes et de garantir le retour à la démocratie, choix auquel adhère le peuple tunisien".

C'est ce qui ressort d'un communiqué de la présidence du Parlement, dont les travaux sont gelés depuis le 25 juillet dernier, publié sur la page officielle de son président, Rached Ghannouchi (président du Mouvement Ennahdha), sur Facebook, selon le correspondant de l'Agence Anadolu.

La présidence du Parlement (composé de 217 députés) a déclaré "suivre les développements politiques et sociaux dans cette période critique de l'histoire de la Tunisie, et constater un blocage à tous les niveaux."

Le communiqué de la présidence du Parlement a souligné "la validité de la loi n° 38 relative aux personnes touchées par le chômage pendant plusieurs années, qui a été préalablement votée par le Parlement, et que le Président de la République a promulguée, autorisant sa publication au Journal Officiel".

Et le communiqué de poursuivre : "Le fait que le Président ait promulgué cette loi fait de sa mise en œuvre un devoir inscrit dans la logique de la continuité de l'État et du respect de ses engagements envers ses citoyens."

La loi en question (loi n° 38, publiée le 13 août 2020) porte sur les dispositions exceptionnelles d'affectation dans le secteur public pour les personnes dont la durée de chômage dépasse les 10 ans.

Lors de sa rencontre avec le ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, vendredi, Saïed a déclaré : "Ils (sans préciser la partie concernée) ont vendu aux jeunes de fausses illusions, leur faisant croire que ces textes de loi seront appliqués, alors que ceux qui les ont rédigés et approuvés savent qu'ils ne seront jamais appliqués."

La présidence du Parlement a estimé que "l'incitation continue contre les députés, tant au niveau national que devant les interlocuteurs étrangers, vise à porter atteinte à l'un des piliers de la démocratie et des institutions de l'État."

Et d'ajouter : "Cela s'inscrit dans le cadre d'une politique systématique de déformation de la réalité, une politique qui ne découragera pas les députés de demeurer attachés à leurs droits légitimes, et d'œuvrer sans relâche à les faire respecter par tous les moyens pacifiques."

La Tunisie traverse une grave crise politique depuis le 25 juillet dernier, lorsque Saïed a décidé d’une série de mesures d'exception, dont le gel des pouvoirs du Parlement, la levée de l'immunité de ses députés, ainsi que la suppression de l'organe de contrôle de la constitutionnalité des lois.

Saïed légifère depuis par décrets présidentiels et a pris la tête du ministère public. Il a également limogé le Premier ministre Hichem Mechichi, prenant ainsi la tête de l'exécutif, assisté d'un gouvernement dont il a nommé la cheffe en la personne de l’universitaire Najla Bouden.

La majorité des forces politiques en Tunisie rejettent les mesures d'exception décidées par Kaïs Saïed, et les considèrent comme un "coup d'État contre la Constitution", tandis que d'autres forces les soutiennent et y voient une "correction du cours de la révolution de 2011", qui a renversé le président de l'époque, Zine El Abidine Ben Ali.

Source : AA

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