Le mouvement Ennahdha a annoncé son soutien au mouvement pacifique organisé par l'initiative "Citoyens contre le coup d'État" dans le centre de Tunis, dimanche, contre les mesures d'exception mises en place par le président du pays, Kaïs Saïed.
Des milliers de Tunisiens ont participé, dimanche, à une manifestation aux abords du Parlement (dont les travaux ont été gelés), et certains ont tenté de pénétrer dans son enceinte, en réponse à l'appel de l'initiative "Citoyens contre le coup d'État" à organiser une manifestation pour défendre la légitimité constitutionnelle et parlementaire, et en solidarité avec le pouvoir judiciaire contre ce que cette initiative qualifie de "tentatives d'assujettissement et de domination".
Ennahdha, le plus grand bloc parlementaire avec 53 députés sur 217, a déclaré dans un communiqué : "Au lieu de respecter la loi et de tenir leurs engagements, les autorités se sont empressées de faire obstacle à cette manifestation, empêchant les manifestants d'atteindre la capitale et arrêtant les voitures sur les routes."
Et le mouvement d'ajouter : "Les papiers de certaines voitures ont été saisis et leurs passagers contraints de retourner d'où ils venaient. Des points de contrôle ont été mis en place dans les régions pour empêcher un grand nombre de citoyens de se rassembler sur les routes fermées et les agences de voyage ont été empêchées de louer des bus, tandis que les transports publics ont été perturbés par divers moyens."
Le communiqué signale également que "certains citoyens qui protestaient contre cette fermeture des routes ont été conduits dans des postes de sécurité et harcelés, tandis que les manifestants ont été empêchés d'atteindre la place du Bardo, au moyen de barrières interdisant tous les accès à la place, avec une très forte présence sécuritaire."
Ennahdha a exprimé "son soutien à ce mouvement légal et pacifique, et sa pleine solidarité avec tous ceux qui ont été soumis à des abus contre leurs droits naturels et légaux de la part des services de sécurité pour se déplacer dans leur patrie et exprimer leurs positions, notamment en s'opposant au coup d'État de Kaïs Saïed contre la constitution, la révolution et la volonté du peuple."
"Les attaques répétées sont devenues une politique officielle du pouvoir depuis le coup d'État du 25 juillet dernier", peut-on également lire dans le communiqué d'Ennahdha.
Le ministère de l'Intérieur a indiqué, dans un communiqué, que "la manifestation de dimanche 14 novembre, au Bardo, a réuni environ 3 500 personnes, selon les estimations des services de sécurité."
Le communiqué ajoute qu'"à l'occasion de la manifestation, et en coordination avec le ministère public, des procès-verbaux judiciaires ont été établis avec des mandats de dépôt contre des personnes accusées de distribution d'argent, de port d'armes blanches sans permis, et de suspicion de possession et de consommation d'une substance stupéfiante".
En marge de la célébration de la "Journée nationale de l'arbre", dimanche, Saïed a déclaré qu'il y a "des tentatives désespérées (dont la source n'a pas été précisée) de porter atteinte à l'unité de la Tunisie et d'y semer la discorde", selon un clip vidéo diffusé par la présidence sur "Facebook".
Et de poursuivre : "Il y a ceux qui ne plantent pas d'arbres, mais qui sèment plutôt les graines de la sédition."
Saïed, qui a entamé un mandat présidentiel de 5 ans en 2019, affirme que ses mesures d'exception ne sont pas un coup d'État, mais plutôt des mesures prises dans le cadre de la constitution pour protéger l'État d'un "danger imminent", selon son évaluation.
Source : AA