L’Algérie qui « nourrissait l’Europe » importe des céréalesd’un pays aussi petit en surface comme la Lituanie, a regretté ce samedi le premier ministre Aïmene Benabderrahmane.
Lors d’une séance plénière à l’APN qui a été consacrée aux questions orales sur le projet de loi des finances (PLF) 2022, le premier ministre n’a pas usé de langue de bois pour souligner la dépendance de l’Algérie vis-à-vis de l’étranger en matière de blé. Grand importateur et consommateur de céréales, l’Algérie importe l’essentiel de ses besoins à coup de milliards de dollars par an.
Selon le Département américain de l’agriculture (USDA), en raison du manque de pluies, la production de céréales va chuter de 38% à 35 millions de quintaux cette saison. Résultat, l’Algérie devrait importer 8 millions de céréales en 2021-2022 contre 7,5 millions de tonnes durant la campagne 2020-2021, selon l’USDA.
En plus de la sécheresse endémique ces dernières années, la filière céréales souffre aussi de son retard dans les domaines logistique et technologique ainsi que des prix fixés par l’Etat pour acheter la production locale.
« Prix injustes »
Le premier ministre a jugé ces prix « injustes » par rapport aux dépenses de l’Etat pour l’importation blé. « Le prix d’achat actuel des céréales auprès des agriculteurs est injuste par rapport aux dépenses de l’Etat en matière d’importation », a-t-il dit. Une injustice qui pourrait être réparée bientôt, selon Aïmene Benabderrahmane.
« Sur instruction du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le gouvernement a procédé à l’examen de la révision des prix de céréales en vigueur, une étude qui sera transmise au Président de la République pour trancher », a-t-il révélé, sans donner plus de détails.
« Un barème obsolète »
La dernière révision des prix des blés locaux (tendre et dur) remonte à 2007. Le prix du quintal de blé dur est fixé à 4500 dinars contre 3500 dinars pour le blé tendre. Toutefois, le barème de bonification et de réfaction n’a pas été révisé depuis 1988.
Ce barème qui a été établi sur la base des prix des blés de 1988 (100 DA le quintal) est devenu obsolète aujourd’hui, selon un spécialiste. Ce barème octroie des bonus et des malus aux agriculteurs en fonction de la qualité des blés produits en Algérie.
Son indexation sur un prix de 100 dinars n’encourage pas les agriculteurs à investir dans leurs exploitations et produire des blés de qualité, pointe le même spécialiste. « S’il y a une révision à faire, elle doit toucher essentiellement ce barème », estime-t-il.
« En 2007, quand le dollar valait 70 dinars, les céréaliers algériens étaient les plus payés au monde, ce n’est pas le cas aujourd’hui, avec un dollar à près de 140 dinars. En plus, le barème de bonification et de réfaction qui donne une prime aux blés de qualité est largement dépassé », ajoute-t-il.
La relance de la filière céréales passe donc par une réforme du dispositif d’incitation qui va de son côté obliger les agriculteurs à moderniser leurs exploitations et à produire des blés en quantités et en qualité.
Dans son exposé, le premier ministre a regretté la dépendance de l’Algérie vis-à-vis de l’étranger en matière de blé, un produit de large consommation dans le pays.
« Un pays comme l’Algérie nourrissait l’Europe. La France prenait du blé de l’Algérie pour le revendre à d’autres pays, ce qui montre que la production était abondante en Algérie», a-t-il expliqué.
Le premier ministre a ensuite déploré que l’Algérie, qui était le grenier de l’Europe, importe du blé d’un pays aussi petit en surface que la Lituanie.
« À cause de beaucoup de facteurs, nous importons du blé d’un pays dont la surface est de 1% celle de l’Algérie, qui est la Lituanie, que s’est-il passé ? », s’est-il interrogé.
Source : TSA