Le président du Parlement tunisien gelé, Rached Ghannouchi, a exprimé, mardi, sa disposition à démissionner de son poste si cette démarche pourrait résoudre la crise que connait le pays.
Ghannouchi, également à la tête d'Ennahdha, a déclaré dans un entretien accordé au quotidien tunisien (non gouvernemental) "Al-Sabah" que si sa démission est la solution, il n'hésiterai pas à l'annoncer et à se retirer de la présidence de l'Assemblée.
"Mais pourquoi ils veulent que, seul, le président du Parlement doit reculer? pourquoi pas les autres hauts responsables ? La conscience démocratique la plus simple repose sur le rejet de ce modèle procédural qui appartient au monde de la tyrannie", a-t-il déclaré en référence aux décisions exceptionnelles du Président Kaïs Saïed.
Et Ghannouchi d'ajouter "nous sommes face à deux options : soit le Président (Saied) rétracte ses décisions exceptionnelles, soit la crise perdure, sinon le rapport de force, c'est-à-dire les élections anticipées, tranchera dans tout cela.
Le titulaire du perchoir gelé a également exprimé sa « conviction que le peuple tunisien ne reculera pas sur ses acquis démocratiques ».
Concernant la résolution de la crise politique, Ghannouchi a indiqué que la solution proposée pour surmonter le blocage est que le Président de la République respecte la Constitution et ses mécanismes qu'il a juré de préserver.
Il a par ailleurs appelé le chef de l'Etat à reporter son programme et sa vision de la gouvernance et de l'État pour les prochaines élections, en faisant un programme pour sa réélection sur la base de celles-ci, après avoir expliqué aux citoyens la signification de sa conception du pouvoir, citoyenneté, et le modèle de l'État auquel il aspire.
"Si le peuple approuve ce programme, qu'il en soit ainsi", a-t-il ajouté.
Ghannouchi a dénoncé le retournement de Saïed contre le système de l'intérieur.
La Tunisie traverse une grave crise politique, depuis que le Président Saïed a décidé, le 25 juillet, de geler les pouvoirs du Parlement, de lever l'immunité des députés et de limoger le chef du gouvernement. Il a ainsi décidé d’assumer pleinement le pouvoir exécutif, avec l'aide d'un gouvernement dont il désignera le chef.
Le 22 septembre dernier, Saïed a publié le décret présidentiel n° "117", à l'aune duquel, il a décidé de supprimer l'organe de contrôle de la constitutionnalité des lois et de promulguer des lois par décret présidentiel.
La majorité des forces politiques en Tunisie rejettent les décisions de Saïed, et les considèrent comme un "coup d'Etat contre la Constitution", tandis que d'autres forces les soutiennent, les considérant comme un "redressement du processus de la révolution de 2011", qui a renversé le régime de l'ex-président, Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).
Source : AA