Algérie/ Elections locales : un début au ralenti de la campagne électorale

La campagne électorale pour les élections locales en Algérie, prévues pour le 27 novembre courant, est lancée depuis jeudi dernier, avec la participation d’une cinquantaine de partis et de plus de 900 listes d’indépendants.

Ces derniers se lancent à l’assaut des 1541 Assemblées populaires communales (APC) et 58 Assemblées populaires de wilayas (départements-APW). Ils sont plus de 400 000 candidats à tenter de convaincre, pendant une vingtaine de jours, les 23 millions d’électeurs à se rendre massivement aux urnes pour élire de nouvelles équipes dirigeantes locales.

Des équipes, comme le souhaite le nouveau pouvoir à Alger, qui soient issues de compétences jeunes et de personnes « n’ayant aucune accointance avec le milieu des affaires » et qui « n’ont pas de liens avec la [Issaba] (bande qui est une appellation désignant des membres de l’ancien pouvoir) ».

Outre cet objectif, cher au gouvernement qui veut faire de ces élections la dernière étape « de la réédification institutionnelle », les participants, eux, ont une autre hantise : comment convaincre les électeurs et éviter un remake des législatives du 12 juin dernier où le taux de participation était historiquement bas (23,3%).

Réussiront-ils à changer la donne ?

Pour les cinq premiers jours de cette campagne électorale, les participants peinent à se faire remarquer et à faire entendre leurs voix.

« C’est un démarrage au ralenti », font remarquer les observateurs de la scène politique locale. A Alger et dans l'ensemble des grandes villes du pays, la ferveur électorale n’est toujours pas au rendez-vous.

Les panneaux d’affichages destinés à faire connaître les listes concurrentes restent toujours vides et les chefs des partis organisent leurs meetings dans salles à moitié vides.

«Je pense que ces élections, contrairement à ce qui était attendu et comme ce fut le cas lors des élections locales précédentes, n’ont pas suscité l’intérêt de l’opinion publique nationale. Peut-être parce que nous sommes encore au début de la campagne », note, Nacer Djabi, professeur et spécialiste en sociologie politique, interrogé par l'Agence Anadolu.

Ce dernier prédit même une nouvelle désaffection populaire, le 27 novembre courant.

« Il est fort probable, que les Algériens confirment à nouveau leur désintérêt pour ces élections locales, comme ils l’ont fait lors de la présidentielle du 12 décembre 2019 et lors des dernières législatives. Ils sont convaincus que les élections ne sont pas une solution politique aux problèmes du pays, notamment en cette circonstance politique caractérisée par un verrouillage des champs politiques et médiatiques », analyse-t-il.

Le sociologue précise, cependant, que « certaines forces politiques traditionnelles pourront mobiliser des groupes sociaux, notamment dans les zones rurales, dans des régions des hauts plateaux et du sud». «Mais cela ne donnera pas plus de crédibilité à ces élections. Par conséquent, on peut dire que ces joutes politiques ne connaîtront pas de forts pourcentages de participation, confirmant ainsi ce que nous avons vu ces dernières années », ajoute-t-il.

----Une communication « artisanale »---

La situation politique n’est pas l’unique explication à ce fossé qui sépare les Algériens des compétitions électorales. La qualité de la communication politique adoptée par les partis et leurs candidats pèse aussi lourdement sur le comportement des électeurs.

C’est ce que pense Idir Mayache, enseignant à l’université de Médéa (Ouest du pays) et spécialiste en communication. Il fait remarquer que « les schémas communicationnels chez nos partis restent traditionnels et dépassés. Ils font plus dans la propagande qui est aujourd’hui abandonnée dans le monde entier que dans le marketing politique qui consiste à vulgariser les programmes et à vendre l’image du candidat à l’électeur ».

« Sur le plan des moyens de communication, on voit aussi que les partis accordent plus d'importance aux médias de masse, surtout la télévision nationale. Mais dans ce genre d’élections locales, il est plus judicieux pour les concernés de privilégier deux types de communication : la communication interpersonnelle et la communication de groupe (meetings et rencontres de proximités). Car dans ce genre de communication, il y a un contact direct avec l’électorat potentiel. Il y a toujours une interaction. De plus, dans les élections locales, le candidat doit compter sur les leaders d’opinion et les chefs de tribu qui lui permettent, une fois gagnés, de prétendre à des scores électoraux très importants », explique-t-il.

Selon lui, « la campagne électorale vise plus la catégorie des indécis ».

« Ce sont eux qui peuvent être gagnés, car les convaincus et les opposants ont déjà fait leurs choix. Ils sont de ce fait inaccessibles pour le candidat», note-t-il, invitant les candidats à axer leur travail de communication sur « les médias locaux et les réseaux sociaux pour tenter de toucher le public visé », tout en « s’appuyant sur les spécialistes en communication pour la conception de leurs affiches électorales ».

Source : AA

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