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- Le 22 Novembre 2024
Le nouveau gouvernement taliban en Afghanistan a averti les émissaires américains et européens que des tentatives de pression, sous la forme de sanctions, pourraient déclencher une vague de réfugiés économiques.
Le ministre afghan des Affaires étrangères, Amir Khan Muttaqi, a déclaré aux diplomates occidentaux, lors de leurs rencontres ces derniers jours à Doha, que "l'affaiblissement du gouvernement afghan n'est dans l'intérêt de personne, car cela pourrait affecter directement le monde dans le secteur de la sécurité et entraîner une migration économique pour fuir le pays", selon un communiqué publié tard mardi soir.
Les talibans ont renversé le gouvernement afghan soutenu par les États-Unis en août, après un conflit qui a duré vingt ans, et ont décrété un Emirat islamique.
Mais des sanctions internationales strictes ont été imposées au pays. Les banques sont à court de liquidités et les fonctionnaires ne sont pas payés.
Selon le communiqué, M. Muttaqi a déclaré à la réunion de Doha: "nous demandons instamment aux pays du monde de mettre fin aux sanctions et de laisser les banques fonctionner normalement, afin que les organisations caritatives et le gouvernement puissent payer les salaires de leur personnel avec leurs propres réserves et l'aide internationale".
Les pays européens, en particulier, craignent qu'en cas d'effondrement de l'économie afghane de nombreux migrants ne partent pour l'Europe, exerçant une pression sur les états voisins comme le Pakistan et l'Iran et finalement sur les frontières de l'Union européenne.
Washington et l'UE se sont déclarés prêts à soutenir les initiatives humanitaires en Afghanistan, mais répugnent à fournir un soutien direct aux talibans sans garantie qu'ils respecteront les droits humains, en particulier ceux des femmes.
L'UE a promis mardi, lors d'un sommet virtuel du G20 organisé par l'Italie, de fournir une aide humanitaire d'un milliard d'euros à l'Afghanistan.
Mais la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a souligné que cette aide serait destinée "au peuple afghan et aux voisins du pays qui ont été les premiers à leur apporter de l'aide", contournant ainsi le gouvernement taliban.
Les talibans assurent ne pas représenter une menace pour les droits humains et ceux des femmes en particulier. Mais les filles ne sont toujours pas autorisées à étudier dans les collègues et lycées, hormis dans les villes septentrionales de Kunduz et Mazar-i-Sharif, et la plupart des femmes n'ont pas repris leur travail.
Dans l'Ouest, près d'Hérat, les islamistes ont déjà appliqué de sévères châtiments à des criminels présumés, ravivant le souvenir du régime brutal et fondamentaliste qu'ils avaient imposé entre 1996 et 2001, avant d'être chassés du pouvoir par une coalition internationale menée par les États-Unis.
En au moins deux occasions, les corps de malfaiteurs morts y ont été accrochés à des grues, pour donner l'exemple. Et mardi, un voleur présumé a été flagellé en public dans le district proche d'Obe.
Les talibans ont forcé les hommes du coin à assister à la flagellation. "J'avais peur et j'étais désespéré. Comme tout le monde. Je ressentais sa douleur quand on le flagellait", a déclaré à l'AFP un médecin âgé d'une quarantaine d'années ayant requis l'anonymat.
"Même maintenant, je ne veux pas me rappeler cette scène", qui l'a secoué au point qu'il veut quitter son emploi et partir de la région, a-t-il ajouté.
Source : AFP