Répondant à I‘appel de militants de la société civile et de partis de gauche, la marche a eu lieu dans le centre de la capitale
Des dizaines de Tunisiens se sont réunis, samedi, au centre de l’Avenue "Habib Bourguiba" dans la capitale tunisienne, pour protester contre l'aggravation de la crise politique, économique et sociale dans le pays.
La marche, qui avait pour slogan "Libérez la patrie", a été organisée à l’appel d'institutions de la société civile, dont le "Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux", et de partis de gauche, dont le "Parti unifié des patriotes démocrates" ou "Watad", "Al Massar", Echâab et "Attayar".
Au cours de la marche, qui était encadrée par un dispositif de sécurité renforcé, les manifestants ont, selon des témoins, exigé la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées dans le cadre du mouvement de protestation qui a débuté le 18 janvier, et la fin de toutes les poursuites engagées contre eux.
Ils ont souligné la nécessité de soutenir les protestations des agriculteurs pour défendre leurs intérêts et la sécurité alimentaire.
Les manifestants ont scandé des slogans tels que "système corrompu du dirigeant au gouvernement" (en critiquant tous les dirigeants de la Tunisie, y compris la présidence et le gouvernement), ainsi que "le droit d'expression est un devoir".
En marge de la marche, Mongi Rahoui, membre du "Parti unifié des patriotes démocrates" (un siège sur 217 au Parlement tunisien), a déclaré au correspondant de l'Agence Anadolu, que la Tunisie "connaît une situation de restriction des libertés par la répression des manifestations".
Et d’ajouter : "Les gouvernements successifs de la Tunisie, au cours des 10 dernières années, n'ont prévu que des mesures pour affamer, appauvrir et opprimer socialement les Tunisiens".
Des désaccords prévalent entre le président de la république, Kaïs Saïed, et le Chef du gouvernement, Hichem Mechichi, après que ce dernier ait annoncé, le 16 janvier, un remaniement gouvernemental portant sur 11 portefeuilles sur 25, et que le Parlement l'ait approuvé au bout de 10 jours.
Le 15 février, Mechichi a annoncé le limogeage de 5 ministres, et l'affectation de leurs portefeuilles par intérim à d’autres membres de l’équipe gouvernementale jusqu'à ce que le remaniement du gouvernement soit effectif.
Saïed n'a toujours pas invité les nouveaux ministres à prêter le serment constitutionnel devant lui, considérant que le remaniement était entaché de "violations".
Outre les divergences politiques, le pays connaît une crise économique étouffante, à la suite de laquelle des centaines de Tunisiens ont manifesté dans plusieurs régions du pays, et des affrontements ont eu lieu entre eux et les forces de sécurité, suite auxquels de nombreux manifestants ont été arrêtés.
Le 18 janvier, le porte-parole du ministère de l'intérieur Khaled Hayouni a confirmé que les autorités avaient arrêté au moins 630 manifestants dans tout le pays ce jour-là, et que les détenus étaient âgés entre 13 et 25 ans.
Source : AA