L’Australie refuse un visa à Ayelet Shaked
- Le 22 Novembre 2024
Les élections ont été avancées pour calmer la contestation de l’automne 2019, expression d’un immense ras-le-bol populaire fustigeant une corruption tentaculaire, des services publics défaillants et une économie en panne.
Entre la corruption endémique et la pléthore de factions armées, les électeurs ne s’attendent pas à de grands changements. Les Irakiens ont commencé à voter, dimanche 10 octobre, lors de législatives anticipées présentées par le pouvoir comme une concession face à un soulèvement populaire.
Dans les rues désertes de Bagdad, policiers et soldats sont déployés à intervalles réguliers pour assurer la sécurité. Des dizaines d’observateurs internationaux dépêchés par l’Organisation des Nations unies et l’Union européenne supervisent le processus. Les bureaux fermeront à 17 heures (heure à Paris), à moins d’une prolongation.
Dès l’ouverture, le premier ministre, Mustafa Al-Kadhimi, a voté dans un bureau de vote de l’utra-sécurisée zone verte de Bagdad. Interpellant les Irakiens et « ceux qui hésitent », il a lancé :
« C’est une opportunité pour le changement (…). Sortez et votez, changez votre réalité, pour l’Irak et pour votre avenir (…) Votez, votez, votez. »
Dans la foulée, le chef populiste chiite Moqtada al-Sadr, dont la liste est considérée comme favorite, a glissé son bulletin dans l’urne dans son fief de la ville sainte chiite de Nadjaf, au sud de Bagdad.
Une abstention record pronostiquée
« Je suis venue voter pour changer le pays en mieux, et changer les responsables actuels qui sont incompétents. Ils nous ont fait beaucoup de promesses mais ne nous ont rien apporté. Nous voulons des indépendants cette fois-ci », a expliqué Jimand Khalil, femme au foyer de 37 ans, dans un bureau de vote installé dans une école dans le centre de la capitale.
Mais des experts pronostiquent déjà une abstention record. Initialement prévues en 2022, les élections ont été avancées pour calmer la contestation de l’automne 2019, expression d’un immense ras-le-bol populaire fustigeant une corruption tentaculaire, des services publics défaillants et une économie en panne.
Réprimé dans le sang (au moins 600 morts et 30 000 blessés), le mouvement s’est depuis essoufflé. Des dizaines de militants ont été victimes d’enlèvements, d’assassinats et de tentatives d’assassinats, imputés aux influentes factions armées pro-Iran.
Décriant ce contexte antidémocratique, les militants de la contestation boycottent largement le scrutin. « Rien ne va changer, ces élections seront remportées par les mêmes factions contre lesquelles le peuple a manifesté », lâche à Bagdad Mohammed Kassem, 45 ans, qui n’ira pas voter.
Absence d’une majorité claire
Les mêmes blocs traditionnels devraient préserver leur représentation au sein d’un Parlement fragmenté, où l’absence d’une majorité claire oblige les partis à négocier des alliances, selon des experts.
Le scrutin se déroulera sous haute sécurité, dans un pays où le groupe Etat islamique (EI) reste actif. Les aéroports ont fermé dès samedi soir et ne rouvriront qu’à l’aube lundi. Les déplacements entre provinces sont proscrits et les restaurants et centres commerciaux doivent rester fermés. Comme toutes les formations politiques ou presque disposent de leurs propres factions armées, la crainte de violences électorales et de fraudes est dans tous les esprits.
Quelque 25 millions d’électeurs sont appelés aux urnes. Mais pour participer au vote électronique et choisir parmi les plus de 3 240 candidats, ils devront être munis d’une carte biométrique. L’élection des 329 députés se fait selon une nouvelle loi électorale, qui instaure un scrutin uninominal et augmente le nombre de circonscriptions pour encourager, en théorie, indépendants et candidats de proximité.
Les résultats préliminaires sont attendus dans les vingt-quatre heures après la fermeture des bureaux de vote et les résultats définitifs dans une dizaine de jours, selon la commission électorale.
Source : Le Monde avec AFP