Le parti tunisien Harak al-Irada a dénoncé, dimanche, l'arrestation par les services de sécurité du parlementaire Abdellatif Aloui et du journaliste Ameur Ayad, "sur fond de libre expression de leurs opinions", considérant leur arrestation comme une "grave violation de la loi".
C'est ce qui est ressorti du communiqué du parti (fondé par l'ancien président tunisien Moncef Marzouki, sans représentation parlementaire), que l'Agence Anadolu a pu consulter.
Plus tôt dans la journée du dimanche, dans un post publié sur Facebook, Aloui, député de la "Coalition Al-karama" (18 députés sur 217), a déclaré "une unité d'El Gorjani (un centre de sécurité) a fait une descente chez moi pour m'arrêter".
"Le mouvement condamne l'arrestation du journaliste, Ameur Ayed, et du député Abdellatif Aloui, aujourd'hui (dimanche), par les autorités de sécurité, suite à l'exercice de leur liberté d'exprimer leurs opinions lors d'une émission télévisée, vendredi dernier, sur la chaine privée Zitouna TV", peut-on lire dans le communiqué qui qualifie l'arrestation de "grave violation de la loi".
Harak al-Irada a également condamné ce qu'il considérait comme "les pratiques arbitraires et oppressives des libertés que les Tunisiens ont acquis de haute lutte, après avoir payé un lourd tribut du sang de leurs martyrs, pour une vie libre et digne", accusant le président Kais Saied d'être "responsable de tous les abus", selon le même communiqué.
La même source a appelé les tunisiens à "la nécessité d'être vigilant pour défendre leurs libertés et défendre pacifiquement les acquis de leur révolution".
Kaïs Saïed avait annoncé, le 25 juillet dernier, des "mesures d'exception", comportant le limogeage du Chef du gouvernement, Hichem Mechichi, la suspension des prérogatives du Parlement, la levée de l'immunité parlementaire de tous les députés et la suppression de l'Instance de contrôle de la constitutionnalité des lois. Le chef de l'Etat s'est accaparé le pouvoir exécutif et légifère depuis par décrets.
Alors que la majorité des forces politiques tunisiennes s’était opposée aux mesures de Saïed, les considérant comme un "coup d'Etat contre la Constitution", d'autres partis y sont favorables, les qualifiant de "nécessaires pour désamorcer le triangle de la destruction, à l'origine du torpillage de la révolution, consistant en la corruption, le terrorisme et la contrebande".
Saïed avait, à maintes reprises, adressé des messages rassurants vers l'intérieur et l'extérieur du pays, dans lesquels il a affirmé qu’il "n'envisage pas d'instaurer un régime dictatorial en Tunisie" ou de "porter atteinte aux droits et aux libertés", mais qu'il vise à "réformer la situation après avoir constaté l'existence d'un danger imminent qui menace l'Etat tunisien".
Source : AA