L’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP/Parlement) a annoncé, vendredi, le démarrage de la nouvelle session parlementaire, et son rejet des mesures d’exception du président Kaïs Saïed, notamment le gel des pouvoirs de l'institution législative.

La Tunisie est en proie à une grave crise politique depuis que le chef de l’Etat avait décidé le 25 juillet de révoquer le Chef du gouvernement Hichem Mechichi, geler les pouvoirs du Parlement pour une durée de 30 jours, et de lever l’immunité des députés, dans le cadre de mesures d’exception. Kaïs Saïed avait annoncé également qu’il s’arrogeait le pouvoir exécutif avec l’aide d’un gouvernement dont il désignera le chef.

Par voie de communiqué, la présidence de l’ARP a déclaré, que « le 1er octobre 2021 correspond au premier jour de la troisième session parlementaire pour la législature 2019-2024 ».

Et d’ajouter « Cette session intervient dans un contexte marqué par les mesures d’exception et une situation constitutionnelle inédite, outre les défis socio-économiques épineux ».

La présidence de l’ARP a réaffirmé, « sa position de principe contre l'activation inconstitutionnelle de l'article 80 par le président Saïed » (..) considérant en ce sens « toutes les mesures d’exception liées au gel des activités du Parlement et à sa suspension, comme nulles et non avenues ».

« La décret présidentielle n° 2021-117 du 22 septembre 2021, abroge de facto la Constitution tunisienne, usurpe les pouvoirs du Parlement et formalise la concentration de tous les pouvoirs entre les mains d'une seule personne », a-t-elle souligné.

Kaïs Saïed avait décidé le 22 septembre de supprimer l'instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des projets de loi, de légiférer par décrets présidentiels et d'exercer le pouvoir exécutif avec l'aide d'un gouvernement, selon le décret présidentiel n° 2021-117 publié dans le Journal Officiel de la République Tunisienne (JORT).

La présidence du Parlement a également appelé Saïed « à reconsidérer le décret 117, à lever le gel du Parlement et à lancer un dialogue national inclusif, pour discuter des moyens de sortir de la grave crise qui menace l'État et l'unité du peuple ».

Elle a imputé au chef de l’Etat « la responsabilité totale de la fermeture du Parlement avec ses bâtiments annexes, et de la perturbation des intérêts vitaux de cette institution ».

« Le bureau du Parlement est en réunion permanente », a indiqué la présidence de l’ARP, appelant les députés « à reprendre leur activité parlementaire et de contrôle, conformément aux dispositions de la Constitution et de la loi ».

Plus tôt vendredi, des escarmouches ont éclaté aux abords du Parlement entre des partisans du président Saïed, et des députés ayant décidé de reprendre leur activité au sein de l’hémicycle après la fin des vacances parlementaires.

La Présidence Tunisienne avait annoncé mercredi, dans un communiqué, que Kaïs Saïed avait chargé l’universitaire Najla Bouden de former un nouveau gouvernement, devenant ainsi la première femme à occuper ce poste en Tunisie.

Source : AA