Trois députés tunisiens ont appelé, mercredi soir, à « la reprise de l’activité parlementaire à compter du 1er octobre prochain, dans le but d'élaborer une feuille de route pour sortir le pays de la crise ».
C’est ce qui ressort d’une déclaration conjointe publiée par les députés Ayachi Zammal du bloc «Al Watania» (16 députés sur 217), Safi Said (indépendant) et Iyadh Elloumi (indépendant).
Les trois élus de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP/Parlement) suspendue, ont exhorté le reste des députés à prendre part à une réunion générale, dont la date sera fixée ultérieurement, en vue de reprendre les activités du Parlement dans le cadre de sa troisième session et préparer le terrain à l’organisation de nouvelles élections législatives.
Les trois élus de l’ARP estiment que « toutes les mesures d’exception sont nulles et non-avenues et consacrent la dérive autocratique du pouvoir ».
Ils ont appelé le Président du pays, Kaïs Saïed, à « revenir sur ses décisions (mesures d’exception), à se conformer à la légalité constitutionnelle, et à faire prévaloir le dialogue entre tous les protagonistes politiques et acteurs sociaux ».
Les députés ont également fait part de leur volonté de « lutter ouvertement, par la voie légale, contre les mesures d’exception et la loi martiale, qui représentent une menace pour la République et les acquis démocratiques ».
L’initiative des trois députés intervient quelques heures après la nomination de Najla Bouden en tant que Première ministre chargée de former le nouveau gouvernement, qui devient ainsi la première femme dans l’histoire du pays à occuper ce poste.
Kaïs Saïed avait décidé de supprimer l'instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des projets de loi, de légiférer par décrets présidentiels et d'exercer le pouvoir exécutif avec l'aide d'un gouvernement, selon le décret présidentiel n° 2021-117 du 22 septembre 2021, publié dans le Journal Officiel de la République Tunisienne (JORT).
La Tunisie est en proie à une grave crise politique depuis que le chef de l’Etat avait décidé le 25 juillet de révoquer le Chef du gouvernement Hichem Mechichi, geler les pouvoirs du Parlement pour une durée de 30 jours, et de lever l’immunité des députés dans le cadre de mesures d’exception. Kaïs Saïed avait annoncé également qu’il s’arrogeait le pouvoir exécutif avec l’aide d’un gouvernement dont il désignera le chef et a procédé dans les jours suivants à une série de limogeages de ministres et de hauts responsables dans l’appareil de l’Etat.
La majorité des partis a rejeté les décisions de Saïed, prorogées sine die en date du 24 août écoulé. Certains partis ont qualifié ces décisions de « coup d’Etat contre la Constitution », tandis que d’autres formations politiques y ont été favorables, estimant qu’il s’agit d’une « restauration du processus », sur fond de crises politiques, économiques, et sanitaires (Covid-19).
Saïed avait, à maintes reprises, essayé de rassurer l’opinion publique tunisienne et les chancelleries étrangères, en affirmant qu'il n’avait pas l’intention d’instaurer un régime autocratique en Tunisie ni de porter atteinte aux droits et libertés, mais vise à remédier à la situation par des réformes, après avoir invoqué l'existence d’un « péril imminent » qui menace l'Etat tunisien.
Source : AA