Algérie. Intervention de Lamamra à l’AG de l’ONU : La nouvelle Algérie déroule son programme et ses ambitions

Le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, a déroulé ce lundi un véritable discours-programme à l’assemblée générale de l’ONU.

Il y a réitéré, en résumé, le retour en force de l’Algérie à l’échelle planétaire et régionale, en qualité de puissance nord-africaine et Etat-pivot pouvant aider à régler les crises dans lesquelles se débattent certains pays voisins, mais aussi et surtout à contrer es manœuvres déstabilisatrices de certains autres pays, dont le soucis majeur est de conclure des alliances incestueuses et délictueuses avec des entités criminelles et terroristes.

Source de fierté pour tout Algérien digne de ce nom, ce discours n’est pas sans rappeler l’âge d’or de notre diplomatie, quand elle était au meilleur de sa forme. Bref, et après les formules de politesse d’usage, Lamamra a tout d’abord rappelé dans son discours que « Cette session se tient au moment où notre monde fait face à de nombreux défis qui ont jeté leur ombre sur tous les aspects de la vie humaine ».

En tête de ces défis, arrive comme de juste cette pandémie de coronavirus, dont l’ampleur et les conséquences sont venus confirmer « confirmer plus que jamais la nécessité urgente de renforcer la coopération et la solidarité internationales ». Une place plus prépondérante pour l’ONU, dans un meilleur respect du droit international s’avèrent dès lors particulièrement incontournables.

Ce faisant, sagesse et expérience d’un diplomate aguerri à l’image de Lamamra, obligent, « cette pandémie nous offre une opportunité historique de réparer les erreurs du passé et tirer les leçons pour avancer fermement dans la construction d’un avenir prospère pour toute l’Humanité ».

L’Algérie, qui y croit fermement, dessine dès à présent un avenir plus radieux aussi bien pour son propre peuple que pour les pays à l’entour.

« L’Algérie, pays pivot qui œuvre pour la paix et la coopération, suit avec beaucoup d’intérêt les récents développements intervenus dans plusieurs pays frères et réitère sa position constante en faveur de la promotion de solutions pacifiques et politiques à ces conflits et crises, loin de toute forme d’ingérence étrangère, dont la validité et l’importance sont constamment confirmées sur le terrain ».

C’est là une constante immuable pour l’Algérie. Aucune ingérence dans les affaires internes et souveraines d’un Etat, quel qu’il soit, ne doit être tolérée. Les conséquences en sont en effet sinon désastreuses, carrément contre-productives.

Et d’enchainer pour dire : « Dans cet esprit, mon pays s’est engagé dans de nombreux efforts au niveau régional et international pour s’attaquer aux causes profondes de ces crises et conflits et pour retrouver la stabilité, en défendant les valeurs du dialogue, de la négociation et de la réconciliation nationale.

L’Algérie continuera à défendre les causes justes des peuples qui luttent pour le recouvrement de leurs droits fondamentaux, y compris leur droit inaliénable à autodétermination, notamment en Palestine et au Sahara occidental ».

La Palestine et le Sahara Occidental, deux causes justes « ignorées » par l’ONU

Cette position de principe a de quoi rendre fiers tous les Algériens que nous sommes. D’autant que ce ne sont pas là de simples paroles en l’air : « L’Algérie renouvelle son appel à la Communauté internationale et plus particulièrement au Conseil de Sécurité afin d’assumer ses responsabilités historiques et légales et contraindre la puissance occupante à mettre fin à son occupation des territoires palestiniens et permettre au peuple palestinien d’établir un Etat indépendant avec Al Qods Echarif comme capitale.

L’Algérie réitère également son engagement en faveur de l’initiative de paix arabe visant à consacrer la solution des deux États et à libérer tous les territoires arabes occupés, y compris le Golan syrien ».

Oublié en effet, le Golan syrien, ne suscite l’intérêt de personne, hormis un pays comme l’Algérie, pour lequel les principes et les causes justes et nobles d’hier sont également ceux d’aujourd’hui. Et de demain aussi.

Voilà pourquoi aussi, « avec la même détermination, l’Algérie réaffirme son soutien au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et appelle l’ONU à assumer ses responsabilités juridiques envers le peuple sahraoui et à garantir ses droits inaliénables ».

L’organisation d’un référendum libre et équitable pour permettre à ce vaillant peuple de déterminer son destin et décider son avenir politique, ne peut demeurer à jamais l’otage de l’intransigeance d’un État occupant qui a failli à plusieurs reprises à ses obligations internationales, en particulier celles découlant du Plan de règlement élaboré par l’Organisation des Nations Unies en partenariat avec l’Organisation de l’unité africaine de toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale ».

La cause sahraouie ne souffre en effet d’aucune ambigüité. Persister dans ce déni de droit revient à occulter l’ONU, ses mécanismes, sa MINURSO et son conseil de sécurité. Preuve en est, ajoute Lamamra, que « le droit et la légalité internationale se sont exprimés sur cette question à travers les résolutions du Conseil de sécurité, ainsi que l’avis juridique consultatif rendu par la Cour internationale de Justice il y a quatre décennies, pour témoigner de la vraie nature du conflit au Sahara occidental, en ce qu’il est une question de décolonisation qui ne peut trouver de solution qu’à travers l’application du principe de l’autodétermination ».

Et de mettre les points sur les « i » concernant la volonté acharnée du pays occupant à impliquer l’Algérie dans ce conflit qui oppose le Maroc au front Polisario, représentant unique et légitime du peuple sahraoui.

« L’Algérie, pays voisin et observateur du processus politique, œuvre, sur la base de ce principe, à être une source de paix, de sécurité et de stabilité pour son voisinage, considérant que le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination est inaliénable, non négociable, et imprescriptible.

Dans ce contexte, l’Algérie appuie la décision du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine de lancer des négociations directes entre le Royaume du Maroc et la République arabe sahraouie démocratique, deux pays membres de l’Union africaine ».

Les orientations salvatrices du président Tebboune…

Lamamra, dans ce discours programme et historique à la fois, n’a dès lors pas manqué de s’appesantir sur les choix stratégiques et salvateurs du président Tebboune : « Sous la direction du Président de la République, Abdelmajid Taboune, et de part son histoire et son appartenance à l’espace arabe, africaine et méditerranéen, l’Algérie, fidèle aux valeurs et idéaux du Mouvement des pays non alignés, demeure attachée aux objectifs et principes de la Charte de l’ONU et aspire, à travers ses efforts, à consacrer la logique du dialogue comme base de règlement des crises et conflits.

L’Algérie continue à s’opposer aux mesures unilatérales coercitives imposées aux pays en développement comme moyen pour exercer une pression politique et économique, en dehors de la légalité internationale ».

Les choix stratégiques et programmatiques s’avèrent systématiquement tout aussi judicieux que justes. Il en est ainsi pour la Libye ainsi que pour le Mali, pays pour lequel l’accord d’Alger devrait demeurer le seul phare immuable :  « L’approche algérienne de règlement des différends et des conflits s’est matérialisée notamment en Libye, en apportant son soutien au processus de dialogue national entre les frères libyens, sous les auspices de l’ONU, en redynamisant le mécanisme des pays voisins libyens, dont la dernière réunion ministérielle s’est tenue à Alger avec pour objectif de contribuer à la stabilité souhaitée dans ce pays, à travers le processus de paix et la tenue des élections générales, conformément à la feuille de route émanant du processus de dialogue politique libyen ».

Dans ce même ordre d’idées, « l’Algérie est prête à poursuivre ses efforts et son soutien aux frères libyens et à partager avec eux son expérience en matière de réconciliation nationale, conformément à l’engagement exprimé par le Président de la République Abdelmadjid Tebboune ».

Cette entreprise de longue haleine ne saurait être menée à bien si certaines actions de « parasitages » des efforts de notre diplomatie devaient se poursuivre.  « S’agissant de la situation au Mali, l’Algérie est déterminée à poursuivre son rôle à la tête du Comité de l’Accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger, et se félicite des progrès enregistrées dans ce cadre en dépit des grands défis et difficultés engendrés par l’expansion de la présence terroriste qui menace la sécurité et la stabilité de ce pays et de toute la région du Sahel ».

L’Algérie renouvelle son attachement à travailler de concert avec les frères maliens pour concrétiser les objectifs et principes de l’Accord d’Alger et attend avec intérêt la tenue des élections présidentielles et la réalisation des objectifs de la période de transition. Nous réitérons à cet égard, notre appel à la communauté internationale pour apporter son soutien aux maliens et contribuer au succès de ce processus notamment en honorant ses engagements pris en matière de développement économique et social.

La situation dans ces deux pays affecte directement la situation d’instabilité que connait la région Sahélo-Saharienne en raison de l’aggravation de la menace terroriste et des autres menaces connexes.

Face à cette situation, le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en sa qualité de coordonnateur de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique, a présenté des propositions pratiques à la Présidence de l’Union Africain visant à redynamiser les institutions et renforcer les mécanismes de l’Union africaine de lutte contre ce phénomène transfrontalier et dangereux ».

L’Algérie, n’évoluant pas en vase clos, a tout intérêt à servir la stabilité et le renforcement de la paix chez l’ensemble de nos voisins, à commencer par la Libye le Mali et même la Tunisie.

« Dans la continuité de son œuvre de paix, l’Algérie poursuit ses efforts visant à mettre fin aux différends et promouvoir les partenariats stratégiques entre l’Union Africaine et le monde arabe, tout en préservant l’unité africaine et en écartant tout facteur susceptible de la perturber ou de l’affecter négativement. Cette unité des rangs demeure la condition essentielle à la réalisation des objectifs stratégiques auxquels aspirent les pays et les peuples du continent à travers l’agenda 2063 ».

Partant de cette conviction, l’Algérie a répondu favorablement à la demande des frères en Ethiopie, en Egypte et au Soudan en vue d’apporter une contribution visant à assurer un climat politique favorable qui permettra à ces pays de dépasser leurs divergences et faire valoir l’esprit de coopération et d’intérêt commun ».

Le plan d’action du gouvernement offre de prometteuses perspectives… 

Prospectivement parlant, l’Algérie, qui a atteint, et largement dépassé ses objectifs de développement, se focalise sur les préoccupations de l’heure, qui sont essentiellement d’ordre démographique et environnemental.

« Depuis l’adoption des Objectifs de Développement Durable, l’Algérie a enregistré des progrès significatifs dans leur réalisation, se classant au premier rang aux niveaux africain et arabe en 2019 dans le classement «Indice de développement durable» sur la mise en œuvre des 17 Objectifs.

« L’Algérie demeure préoccupée par l’exacerbation des problèmes générés par les crises environnementales multiples, notamment le phénomène de désertification qui affecte mon pays depuis plusieurs décennies, l’aggravation continue des catastrophes climatiques telles que les inondations, les sécheresses, la rareté des précipitations et les conséquences économiques et sociales négatives qui en résultent, ainsi que d’autres dommages causés par le changement climatique et le déclin alarmant de la biodiversité.

En dépit de ses capacités limitées, l’Algérie n’a ménagé aucun effort pour relever les défis posés par ces phénomènes.

Les questions environnementales sont devenues un élément important des politiques de l’État à différents niveaux et dans divers secteurs. D’autre part, mon pays poursuit fermement le processus de consolidation de la construction démocratique de l’Algérie nouvelle avec la consécration de l’État de droit et de la justice sociale, à travers notamment l’amendement de la constitution, la tenue des élections législatives, et la préparation en cours des élections locales ».

Au plan strictement interne, « le Plan du Gouvernement, adopté il y à quelques jours, consacre le processus de changement démocratique entamé dans mon pays, à travers cinq axes principaux : le renforcement de l’état de droit et la consécration de la bonne gouvernance, la modernisation de la justice, la promotion des libertés, le dialogue, la consultation et l’établissement d’une société civile libre et responsable, ainsi que la liberté de réunion, de manifestation pacifique et de la presse, la lutte contre la corruption, la modernisation de l’administration et de la fonction publique.

Toutes ces réformes politiques traduisent la volonté du peuple et de l’Etat algériens de renforcer les droits de l’Homme, au sens large, sur l’ensemble du territoire.

Dans le domaine économique, le gouvernement œuvre à « renforcer la relance économique, à moderniser le système bancaire et financier, à réformer le secteur public commercial et la gouvernance des institutions publiques, ainsi qu’à améliorer l’attractivité du climat d’investissement et le cadre de développement des entreprises et de l’entreprenariat ».

Source : la patrie news

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