Nigeria : malgré le soutien de la communauté internationale, le secteur des entreprises a été impacté par la covid-19

La covid-19 a eu un impact réel sur l’économie nigériane. Pour limiter le choc, le Nigeria a adopté un plan de réponse économique doté d’un fonds de 1800 milliards de nairas. Cependant, près de 20% des travailleurs nigérians seraient au chômage, selon le NBS.

Comme plusieurs pays africains, le Nigeria a mis en place un plan de riposte contre la covid-19 soutenu par les bailleurs de fonds internationaux. Plusieurs secteurs de l’économie jugés vitaux ont été ciblés par les mesures de soutien du gouvernement, avec l’adoption d’un budget révisé pour 2020, en réponse au choc induit par la pandémie. Ainsi, 500 milliards de nairas (1,2 milliard $) ont été inclus dans le budget révisé du gouvernement fédéral au titre du fonds d’intervention contre la pandémie.

De plus, la Banque centrale (CBN) a pris des mesures pour soutenir les secteurs de l’économie confrontés à un manque de liquidité. Une facilité de crédit ciblée de 50 milliards de nairas (139 millions de dollars) a ainsi été créée par la Banque qui a également injecté 3600 milliards de nairas de liquidité (2,4 pour cent du PIB) dans le système bancaire, dont « 100 milliards de nairas pour soutenir le secteur de la santé, 2000 milliards de nairas pour le secteur manufacturier et 1500 milliards de nairas à destination des industries impactées », selon le Fonds monétaire international (FMI).

L’institution ajoute qu’en septembre « la CBN a déboursé un total de 3,5 trillions de nairas en fonds d'intervention, depuis le début de la pandémie de covid-19, dont 73,7 milliards de nairas en facilités de crédit ciblées pour aider les ménages et les petites et moyennes entreprises, dépassant leurs plans initiaux de 50 milliards de nairas ». Seulement, ces politiques ont-elles vraiment été efficaces ?

En mars 2021, les autorités nigérianes ont indiqué que l’Etat « a réussi à créer et sauver plus de 2 millions d’emplois, grâce à son plan de relance économique contre la covid-19 ». Pourtant, dans son rapport intitulé « The impact of covid-19 on business enterprises in Nigeria » et réalisé avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le Bureau national de statistique (NBS) a révélé mardi dernier que 20% des travailleurs nigérians ont perdu leur emploi, du fait de l’impact de la pandémie.

Menée avec 3000 entreprises (2100 formelles et 900 informelles) œuvrant dans 18 secteurs majeurs de l’économie repartis dans des zones urbaines et rurales du pays, l'étude révèle que les entreprises nigérianes ont été assez impactées par la pandémie, malgré les politiques publiques annoncées par Abuja.

En plus des pertes d’emploi, on relève des pertes de revenus qui se sont poursuivies bien après la levée des premières mesures de confinement. 74% des entreprises affirment en effet avoir enregistré une baisse de production même après la levée des mesures restrictives. De plus, plusieurs commerces ont dû fermer, suite à la crise.

Les données recueillies dans le rapport du NBS indiquent que de nombreuses entreprises ont dû s’acquitter de taxes parafiscales, « informelles » en dehors de toute loi statutaire. « 95% des entreprises ont déclaré payer des taxes informelles », a mentionné l’étude.

Un service de la dette en hausse sur fond d’accroissement de la pauvreté

Malgré ces contraintes et difficultés internes, le Nigeria a quand même continué à assurer son service de la dette tout au long de l’année dernière. Pour rappel, le pays avait refusé d’adhérer à l’initiative de suspension de la dette initiée par le G-20. Cette mesure était perçue par de nombreux pays, dont le Kenya et l’Afrique du Sud, comme étant de nature à saper la confiance des investisseurs dans le pays.

Ainsi, le Nigeria a payé en 2020, 1 milliard $ d’intérêts sur sa dette. Au cours du premier trimestre 2021, le NBS indique que le pays a déboursé plus de 332 millions $ pour rembourser les intérêts sur sa dette. Au total, le service de la dette extérieure du Nigeria pour l’année 2020 et le premier trimestre 2021 a atteint 2,6 milliards $, soit plus des deux tiers des 3,4 milliards $ que le pays a obtenus du FMI pour financer son plan de riposte en avril 2020.

Malgré ces situations, aucune nouvelle annonce n’a été faite par les autorités pour soutenir les entreprises en difficulté. Même si l’économie nigériane affiche une progression depuis le deuxième trimestre 2021, avec l’assouplissement des restrictions, plus de 11 millions de Nigérians vont être touchés par la pauvreté, d'ici 2022, selon le NBS. De plus, la baisse de production induite par la crise sanitaire a entraîné une hausse des prix des denrées de base, notamment alimentaires. En juillet, l’indice des prix à la consommation s’affichait en hausse à 17,38%. Bien que relativement en baisse par rapport au mois précédent, l'indice composite des produits alimentaires a augmenté de 21,03 % en juillet 2021.

De son côté, le président Muhammadu Buhari entend continuer à se tourner vers des investisseurs internationaux, afin de financer des projets d’infrastructures. Le 14 septembre dernier, il a présenté au Parlement un projet d’emprunt de plus de 4 milliards de dollars.

Source : Agence Ecofin

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