Les Nations unies ont exhorté, jeudi, les parties tunisiennes à engager un dialogue inclusif « conforme aux valeurs démocratiques », afin de résoudre les questions en suspens dans le pays.
C’est ce qui ressort d'une conférence de presse tenue par Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général, Antonio Guterres, au siège permanent des Nations Unies à New York.
« Nous appelons toutes les parties concernées en Tunisie à résoudre les problèmes en suspens à travers un dialogue inclusif conforme aux valeurs démocratiques », a déclaré Dujarric.
Le porte-parole onusien a souligné « l’engagement des Nations Unies à poursuivre leur soutien aux institutions démocratiques en Tunisie, et à appuyer leurs efforts en matière de lutte contre la pandémie de Covid-19 ».
La position des Nations Unies intervient au lendemain des nouvelles décisions prises par le Président tunisien Kaïs Saïed, de supprimer l'instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des projets de loi, de légiférer par décrets présidentiels et d'exercer le pouvoir exécutif avec l'aide d'un gouvernement.
Avec ces nouvelles mesures, Kaïs Saïed renforce de facto ses prérogatives au détriment du Parlement et du gouvernement.
Des partis tunisiens, dont le mouvement d’obédience islamique « Ennahdha », dénoncent à cet effet un « coup d’État contre la Constitution » et une « dérive autoritaire » du chef de l’Etat.
La Tunisie est en proie à une grave crise politique depuis que le chef de l’Etat avait décidé le 25 juillet de révoquer le Chef du gouvernement Hichem Mechichi, geler les pouvoirs du Parlement pour une durée de 30 jours, et de lever l’immunité des députés dans le cadre de mesures d’exception. Kaïs Saïed avait annoncé également qu’il s’arrogeait le pouvoir exécutif avec l’aide d’un gouvernement dont il désignera le chef et a procédé dans les jours suivants à une série de limogeages de ministres et de hauts responsables dans l’appareil de l’Etat.
La majorité des partis a rejeté les décisions de Saïed, prorogées sine die en date du 24 août écoulé. Certains partis ont qualifié ces décisions de « coup d’Etat contre la Constitution », tandis que d’autres formations politiques l’ont considéré comme étant une « restauration du processus », sur fond de crises politiques, économiques, et sanitaires (Covid-19).
Au cours des derniers jours, plusieurs partis ont annoncé leur rejet de l’abrogation de la Constitution par Kaïs Saïed, mettant en garde contre le retour de la tyrannie et de l’autoritarisme, après la révolution de 2011 qui a renversé le régime du Président Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).
Source : AA