Tunisie: Ennahdha rejette l’orientation de Saied pour établir des « dispositions transitoires »

Le Mouvement tunisien Ennahdha a annoncé, mardi, son rejet des orientations du chef de l’Etat, Kaïs Saïed, à établir des « dispositions transitoires », considérant qu’il est résolu à abroger la Constitution.

Lundi, Saïed a annoncé depuis le gouvernorat de Sidi Bouzid (Centre) que « les mesures d’exception seront maintenues et des dispositions provisoires ont été mises en place (sans rien clarifier), tout en gardant tout ce qui est mentionné dans la Constitution », dans une référence que l’élaboration de lois transitoires a été lancée de même que l’amendement de la loi électorale.

Le Bureau exécutif d’Ennahdha a indiqué dans un communiqué, signé par son président Rached Ghannouchi, que l’annonce par Saïed qu’il « envisage d’instituer des dispositions transitoires de manière unilatérale, constitue une orientation dangereuse et une détermination à annuler la Constitution qui a été adoptée par les Tunisiens à l’unanimité ».

Le Mouvement a souligné que « la Constitution représente la source de toutes les légalités, ce à quoi Saïed s’était longtemps engagé à respecter ».

La Tunisie souffre d’une crise politique aiguë depuis que le président Saïed avait décidé, le 25 juillet dernier, de limoger le Chef du gouvernement, Hichem Mechichi, tout en s’accaparant le pouvoir exécutif, et en suspendant les travaux du Parlement, tout en levant l’immunité dont bénéficiaient les députés.

Ennahdha, qui dispose du plus grand bloc parlementaire, a ajouté que « le maintien sine die des mesures d’exception a paralysé les institutions du pouvoir compte tenu de l’absence d’un gouvernement légitime et apte, tout en maintenant la suspension du parlement élu ».

Ennahdha a mis en garde que « cette situation menace de disloquer l’Etat et risque d’aggraver une crise économique, financière et sociale, déjà tendue, et contribuera à porter atteinte à l’image de la Tunisie à l’étranger, en particulier, avec nos partenaires financiers et internationaux ».

La majorité des partis, dont Ennahdha, a rejeté « les mesures d’exception, et certains l’ont qualifié de « coup d’Etat contre la Constitution », alors que d’autres formations l’ont considéré comme étant une « restauration du processus », sur fond de crises politiques, économiques, et sanitaires (Covid-19).

Le Mouvement a refusé, dans son communiqué, « la voie adoptée pour scinder les Tunisiens et les Tunisiennes et vilipender tous les avis contraires », dans une allusion aux attaques lancées par Saïed contre les opposants dans son allocution prononcée lundi.

Le parti d’obédience islamique a estimé que « la sortie de la situation délicate que traverse le pays implique des efforts de toutes les forces politiques et sociales, afin de parvenir à des solutions basées sur le partenariat à même de permettre au pays de réaliser une stabilité politique, condition fondamentale pour une percée sociale et économique ».

Le Mouvement a mis l’accent sur « l’impératif qu’il y a à respecter scrupuleusement les droits de l’Homme collectifs et individuels, à mettre un terme aux restrictions et autres violations du droit à la circulation et au voyage ainsi qu’à la liberté d’expression ».

Ennahdha a réitéré son appel en vue de « respecter la Constitution, de lever la suspension du Parlement et de hâter la formation d’un gouvernement légitime, qui se penchera sur la mise en œuvre d’un programme de sauvetage de la dangereuse situation financière, économique et sociale et de poursuivre la lutte contre la pandémie de la Covid-19 ».

Source : AA

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