Deux partis tunisiens ont annoncé, dimanche, leur rejet de toute tentative de suspension de la Constitution par le président du pays, Kaïs Saïed.
C'est ce qui ressort de deux communiqués publiés par le parti "la Volonté Populaire" ex "Al Mahaba" (centre - un député sur 217) et le "Parti républicain" (centre - non représenté au parlement).
Le parti "La Volonté Populaire" a déclaré : "Nous exprimons notre total rejet de toute tentative du président de la République, Kaïs Saïed, de modifier la Constitution du pays sans respecter les mécanismes définis par celle-ci."
Le parti a réitéré sa condamnation des "mesures annoncées par Saïed le 25 juillet, qui, selon lui, constituent un coup d'État contre la Constitution et une entorse à la légitimité.
Ce jour-là, Saïed a décidé de geler les prérogatives du Parlement, de lever l'immunité de ses députés, de prendre la tête du ministère public et de limoger le Premier ministre. Il a ainsi décidé d'assumer lui-même les responsabilités de l'exécutif, avec l'aide d'un gouvernement dont il nommera le chef.
Le parti a appelé Saïed à renoncer aux orientations dangereuses qu'il a données au pays depuis le 25 juillet.
La majorité des partis tunisiens ont rejeté les mesures exceptionnelles décidées par Saïed, certains les qualifiant de "coup d'État contre la Constitution", tandis que d'autres partis les ont soutenues, y voyant une "correction de cap", à la lumière des crises politique, économique et sanitaire (pandémie de coronavirus) que traverse le pays.
Dans son communiqué, le "Parti républicain" a exprimé "sa profonde préoccupation quant au maintien de l'état d'exception et à la paralysie qui l'accompagne et qui a frappé les institutions de l'État depuis cinquante jours sans qu'une feuille de route ne soit définie pour surmonter la crise profonde que traverse le pays."
Il a souligné "son rejet catégorique des appels à suspendre la constitution, considérant qu'il s'agit d'une mesure très dangereuse qui menace de saper la légitimité sur laquelle toutes les institutions de l'État sont fondées."
Et de souligner que "tout amendement du système politique ou du système électoral doit faire l'objet d'un dialogue ouvert et serein et conformément aux formules constitutionnelles, se soldant par un retour devant le peuple souverain sans qu'aucune partie, quelle que soit sa légitimité, ne puisse imposer son point de vue."
Le conseiller diplomatique de Saïed, Walid Hajjam, avait déclaré, jeudi, lors d'une intervention médiatique que "Saïed a l'intention de modifier le système politique dans le sens d'un système présidentiel qui sera soumis à un référendum populaire, ce qui signifie une tendance à suspendre la Constitution et à adopter d'autres mécanismes (une petite Constitution) pour gérer l'État."
Saïed a affirmé, à plus d'une reprise, que "la crise de la Tunisie est due à son système politique et électoral, et que le meilleur régime est le régime présidentiel."
Samedi, 103 personnalités, dont des députés, des universitaires, des défenseurs des droits de l'homme et des activistes politiques, ont signé une pétition en ligne soulignant le rejet de toute tentative de "remise en cause de la constitution".
Source : AA