Le mouvement Ennahdha a qualifié la situation que traverse la Tunisie depuis les mesures exceptionnelles prises par le président Kaïs Saïed en juillet dernier de "vague et ambiguë", et a appelé à un dialogue national accéléré qui préparerait le pays à des élections équitables.
C'est ce qui ressort d'une déclaration publiée par le bureau exécutif du mouvement, lundi, à la suite de sa première session après sa restructuration.
"Le pays a sombré dans un état d'ambiguïté et d'incertitude depuis les mesures extraordinaires et anticonstitutionnelles prises par le président de la République le 25 juillet, prolongées sine die le 24 août", indique la déclaration signée par le leader du mouvement, Rached Ghannouchi.
Le bureau exécutif du mouvement a déclaré que "les mesures exceptionnelles ont eu pour effet de perturber le travail de l'autorité législative et son rôle de contrôle", s’alarmant du fait que le pays soit "sans gouvernement - après que le siège du gouvernement de la Kasbah a été fermé de force - et sans gouverneurs dans de nombreuses régions".
Dans le même contexte, Ennahdha a dénoncé "l'atteinte aux droits, aux libertés et à la dignité de nombreux Tunisiens, sur la base d'instructions illégales et anticonstitutionnelles, y compris le renvoi de civils devant des tribunaux militaires."
Le mouvement a également dénoncé "l'assignation à résidence d'autres personnalités, l'empêchement de nombreux députés, hommes d'affaires, fonctionnaires et autres citoyens de quitter le pays sur la base de leurs qualités et non en fonction de décisions judiciaires, les attaques contre les professionnels des médias dans l'exercice de leurs fonctions, ainsi que les intimidations répétées à l'encontre des familles de députés recherchés par la justice".
Pour le mouvement, il est "nécessaire de mettre fin à la situation d'exception, de lever le gel du Parlement et d'accélérer la formation d'un gouvernement légitime qui réponde aux préoccupations des Tunisiens".
Ennahdha a également renouvelé l'appel à "un dialogue national accéléré entre les différents intervenants sur les diverses questions litigieuses, notamment celles liées au système politique et à la loi électorale, de manière à permettre l'ouverture d'un horizon politique pour notre pays et à le préparer à des élections générales équitables qui restituent le pouvoir au peuple souverain."
Le 25 juillet, le président tunisien a annoncé des mesures qu'il a qualifiées d'"exceptionnelles" pour une période de 30 jours, parmi lesquelles le gel des travaux du Parlement, la levée de l'immunité des députés et le limogeage du Premier ministre Hichem Mechichi. Ces mesures prévoient qu'il assume lui-même l'autorité exécutive, avec l'aide d'un gouvernement dont il désignera le chef.
Avant que ces mesures ne soient reconduites sine die le 24 août.
La majorité des partis tunisiens ont rejeté les décisions exceptionnelles de Saïed, certains les considérant comme un "coup d'État contre la constitution". D'autres les ont soutenues, les considérants comme une "correction de cap" à la lumière des crises politique, économique et sanitaire dont souffre le pays.
Source : AA