L’Organisation non gouvernementale, Amnesty International, a appelé vendredi, les autorités tunisiennes à mener une enquête approfondie sur les circonstances de l’enlèvement, de la disparition forcée et de l'expulsion vers l'Algérie de Slimane Bouhafs, militant algérien à qui le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a accordé le statut de réfugié en Tunisie.
Par voie de communiqué rendu public vendredi, Amnesty International, a exhorté en ce sens les autorités algériennes à libérer immédiatement ce dissident âgé de 54 ans et lui permettre de quitter l’Algérie, soulignant que la Tunisie « est tenue de protéger les réfugiés et de ne pas les expulser ou renvoyer vers un pays où ils risquent d’être persécutés », et ce, en vertu du droit international relatif aux droits humains.
« Le fait que la Tunisie ait pu avoir connaissance de son renvoi forcé en Algérie, y avoir contribué ou avoir donné son assentiment malgré le statut de réfugié de Slimane Bouhafs, constituerait une grave violation du principe de « non-refoulement » et du droit international relatif aux réfugiés », a dénoncé l’ONG et de préciser en ce sens, « Le fait que le HCR ait accordé le statut de réfugié à Slimane Bouhafs suppose que l’on ait établi que sa crainte d’être persécuté s’il rentrait en Algérie était fondée ».
Amna Guellali, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International, a estimé que « le gouvernement tunisien partage la responsabilité du sort réservé à cet homme et il doit admettre le rôle qu’il a joué dans son enlèvement et son retour forcé en Algérie ».
Amnesty International a indiqué que le HCR a fait état dans un message officiel, de « sa vive inquiétude face aux informations selon lesquelles un homme a été renvoyé de force dans son pays d’origine après avoir été reconnu comme réfugié par ses services en Tunisie ».
Selon l’ONG de défense des droits humains, l’agence onusienne avait effectué un suivi sur ce signalement et demandé que ces allégations soient examinées par les autorités tunisiennes.
Porté disparu depuis le 25 août, à Tunis, Bouhafs n’a toujours pas donné de nouvelles, alors que des médias ont rapporté qu’il se trouvait désormais en Algérie.
Le dissident algérien est accusé par les autorités de son pays de militer au sein du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), une organisation indépendantiste, classée « terroriste » par Alger. Bouhafs avait été condamné, le 6 septembre 2016, à trois ans de prison ferme pour avoir « dénigré les principes et préceptes de l’islam » dans des publications postées sur sa page Facebook, conformément à l’article 144 bis 2 du Code pénal algérien. Cet ancien policier, sera gracié par le pouvoir algérien près de deux ans après son incarcération, avant de demander l’asile en Tunisie.
Amnesty International précise dans son communiqué de presse que « la Convention contre la torture, à laquelle la Tunisie est partie, interdit de manière explicite l’extradition de personnes vers des pays où il existe des raisons sérieuses de penser qu’elles risquent d’être victimes de torture ».
Et l’ONG de rappeler qu’« aux termes du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Tunisie est aussi tenue de protéger le droit à la vie des individus se trouvant sur son territoire et soumis à sa juridiction ».
Il est à noter que ni les autorités tunisiennes, ni les autorités algériennes, n’ont fait de déclaration ou émis de position officielle à propos de l’affaire Slimane Bouhafs, et elles n’ont pas non plus précisé s’il avait été expulsé ou extradé vers l’Algérie après une requête du gouvernement algérien en ce sens.
Source : AA