L'ONU estime à plus de 20 000, le nombre de combattants étrangers dans le pays.
Une réunion internationale a rassemblé cette semaine à Berlin, les principaux acteurs du conflit en Libye. Elle a porté sur les moyens de faire avancer le processus politique parrainé par les Nations unies. Le retrait des forces étrangères et des mercenaires est un facteur majeur pour ramener la stabilité dans le pays.
Un terrain miné
Dix ans après la chute de Mouammar Kadhafi, la Libye n’a pas encore retrouvé la stabilité. La conclusion d’un cessez-le feu fin 2020, puis l’installation d’un gouvernement d’union nationale, représentant cette fois-ci tout le pays, suscite l’espoir. Le chantier de la pacification est énorme. Avant d’organiser les élections générales fixées au 24 décembre 2021, il faut préparer le terrain et réconcilier le pays. Plusieurs puissances étrangères sont impliquées dans le conflit et certaines ont même des troupes ou des mercenaires sur place.
Des appuis étrangers
Un engagement en faveur du départ des troupes étrangères et des mercenaires n’est pas le premier du genre. Lors d'un précédent sommet international sur la Libye à Berlin début 2020, la même décision avait été prise et suivie de peu d'effets. Ce paramètre est pourtant jugé central dans ce processus d’autant plus que le conflit libyen a été largement alimenté par des pays étrangers.
La Russie, la Turquie, le Qatar, les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite ou bien l’Egypte sont impliqués d’une manière ou d'une autre. Moscou et Ankara, qui soutiennent des camps différents, sont soupçonnés tous les deux d'avoir recruté des mercenaires pour défendre leurs propres intérêts dans ce pays.
Des combattants venus d’ailleurs
La Libye est ainsi devenue, le nouveau terrain de chasse pour des milliers de mercenaires. Des combattants venus de Syrie, de Russie, du Tchad ou encore du Soudan… Selon des diplomates à l'ONU, le nombre de militaires et mercenaires étrangers en Libye est estimé à "plus de 20 000, dont 13 000 Syriens et 11 000 Soudanais", ainsi que plusieurs centaines de Turcs et de Russes du groupe privé Wagner. En janvier 2020, le quotidien britannique The Guardian révélait que la Turquie offrait aux combattants syriens recrutés, un salaire moyen de 2 000 dollars, en plus de la nationalité et d'une prise en charge médicale pour aller faire la guerre en Libye.
Des exploiteurs "exploités"
Le paradoxe est que cette guerre civile, entre Libyens, se transforme aussi en guerre civile entre mercenaires originaires du même pays. Le cas des combattants syriens est frappant. Certains sont recrutés par la Turquie pour appuyer le camp de Tripoli, d’autres sont à la solde du groupe russe Wagner qui soutient le maréchal Haftar dans l’Est.
Les mercenaires sont d'anciens rebelles ou d’anciens soldats syriens attirés par l’argent que leur font miroiter les recruteurs. Ces employés de guerre sont souvent "exploités" et ne reçoivent pas les indemnités promises, comme le souligne une enquête (lien en anglais) menée par le Centre syrien pour la justice et la responsabilité (SJAC) et l'ONG Syriens pour la vérité et la justice (STJ).
La menace des mercenaires
Les mercenaires étrangers n’ont jamais manqué d’armes. L’embargo imposé à la Libye depuis 2011 a été allègrement violé depuis. L'avènement d'un nouveau gouvernement d'union et les engagements très ambitieux du Premier ministre Hamid Dbeibah pourraient peut-être changer la donne. A ce jour, toutes les parties prenantes, leurs alliés et leurs partenaires s’engagent verbalement sur la voie de la paix et de la réconciliation.
Une mission de l’ONU consacrée au cessez-le-feu est arrivée récemment en Libye pour vérifier entre autres, le départ des mercenaires et des militaires étrangers. Certains diplomates se méfient toutefois d’une dispersion brutale de ces hommes surarmés. Ils représenteraient une autre menace pour la région. Le président tchadien Idriss Déby Itno a ainsi trouvé la mort en avril dernier, lors d'une offensive de rebelles tchadiens précisément venus de Libye.
Source: FranceInfo