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- Le 22 Novembre 2024
Quatre ans d’emprisonnement dont deux avec sursis ont été requis contre l’ancien chef de l’Etat, suspecté de corruption et trafic d’influence.
Une décision très attendue doit être rendue lundi 1er mars par la 32e chambre correctionnelle du tribunal de Paris : l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy sera-t-il relaxé ou condamné dans l’affaire des « écoutes » ?
Nicolas Sarkozy est suspecté d’avoir tenté d’obtenir d’un magistrat à la Cour de cassation, Gilbert Azibert, des informations confidentielles le concernant, voire de faire annuler la saisie de ses agendas présidentiels après avoir obtenu un non-lieu dans l’affaire Bettencourt. Gilbert Azibert, avocat général dans une chambre civile, n’intervenait pas directement dans ce dossier mais il aurait joué de ses relations. En échange, M. Sarkozy aurait promis d’intervenir en faveur du magistrat pour qu’il obtienne un poste de prestige à Monaco.
L’accusation se fonde sur des conversations interceptées par la justice entre l’ancien président et son avocat sur une ligne officieuse – deux téléphones prépayés achetés sous le nom de « Paul Bismuth ».
Durant les trois semaines du procès dit « des écoutes », qui s’est tenu durant trois semaines fin novembre et début décembre, les avocats des trois prévenus, Nicolas Sarkozy, son avocat de l’époque, Thierry Herzog, et Gilbert Azibert ont dénoncé des « fantasmes », un « procès d’intention » fondé sur des écoutes « illégales » et ont plaidé la relaxe face à un « désert de preuve ». La plus marquante étant, selon les avocats, que Nicolas Sarkozy n’a pas eu gain de cause devant la Cour de cassation, et que Gilbert Azibert n’a pas non plus obtenu la promotion qu’il espérait.
Au terme d’un réquisitoire de cinq heures, le Parquet national financier (PNF) a estimé qu’un « pacte de corruption » avait bien été conclu entre les trois prévenus et deux magistrats ont requis à l’encontre de l’ex-chef de l’Etat quatre ans d’emprisonnement, dont deux avec sursis. Les mêmes peines ont été demandées pour Gilbert Azibert et Thierry Herzog, assortie, pour ce dernier, de cinq ans d’interdiction professionnelle. Le chef du PNF, Jean-François Bohnert, est venu en personne pour soutenir ce réquisitoire, en assurant que « personne ici ne cherche à se venger d’un ancien président de la République ».
C’est la première fois qu’une peine de prison ferme est requise contre un ancien président sous la Ve République. Avant Nicolas Sarkozy, seul un autre chef de l’Etat, Jacques Chirac, a été jugé et condamné, dans l’affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris en 2011, à deux ans de prison avec sursis. Le parquet avait alors requis la relaxe.
L’ancien chef de l’Etat, qui a occupé l’Elysée entre 2007 et 2012, n’a pas réussi à peser sur l’élection présidentielle de 2017 : il a été battu dès le premier tour de la primaire par François Fillon et Alain Juppé en 2016. Pourtant, cinq ans après, il reste une figure de référence. Son évocation dans les meetings de son parti Les Républicains (LR) continue de déclencher des tonnerres d’applaudissements, et ses livres continuent à bien se vendre.
Si lui-même assure avoir « tourné la page » de la politique, Nicolas Sarkozy affiche une entente cordiale avec Emmanuel Macron, et plusieurs de ses proches, comme le premier ministre, Jean Castex, ou le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, occupent des postes stratégiques dans le gouvernement.
Une relaxe lundi pourrait contribuer à en faire un homme providentiel pour la droite, alors qu’aucun candidat n’a pris l’ascendant pour la présidentielle de 2022. Pour certains, comme le maire LR de Chalon-sur-Saône Gilles Platret, Nicolas Sarkozy « a servi son pays » et « peut-être pourrait le servir encore ».
Mais outre le procès des écoutes, d’autres affaires judiciaires pourraient bien rattraper l’ancien président.
Nicolas Sarkozy, dont le casier judiciaire est vierge, est mis en cause dans plusieurs affaires. L’ancien président devra une nouvelle fois comparaître dès le 17 mars, dans l’affaire Bygmalion, pour des soupçons de financement illégal de sa campagne en 2012.
Le PNF porte aussi l’accusation dans le dossier des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. L’ex-président a été mis en examen le 21 mars 2018 pour « corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de fonds publics libyens », puis le 12 octobre 2020 pour « association de malfaiteurs ». Parmi les autres mis en examen figurent l’ex-secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant, l’ancien trésorier de campagne Eric Woerth et l’ancien ministre Brice Hortefeux.
Le PNF a aussi confirmé le 15 janvier 2021 avoir ouvert une enquête pour « trafic d’influence » et « blanchiment de crime ou délit » visant ses activités de conseil en Russie.
En revanche, Nicolas Sarkozy a bénéficié d’un non-lieu dans plusieurs dossiers : ses voyages en jet privé facturés à la société Lov Group de son ami Stéphane Courbit ; ses pénalités réglées par l’UMP pour le dépassement des dépenses de campagne en 2012 ou encore l’affaire des dons octroyés à l’UMP par l’héritière de L’Oréal, Liliane Bettencourt. Dans l’affaire des sondages surfacturés commandés par l’Elysée, Claude Guéant et d’autres proches de Nicolas Sarkozy doivent être jugés en correctionnelle, mais l’ancien chef de l’Etat est couvert par son immunité présidentielle.
Source : Le Monde