Considéré comme l’un des boulets aux pieds de l’économie tunisienne depuis plusieurs années, le niveau de la masse salariale de l’Etat continue d’inquiéter les partenaires de la Tunisie. Une situation que cherche à résoudre le gouvernement qui veut négocier un nouveau financement du FMI.
En Tunisie, la masse salariale de la fonction publique a atteint 17,6% du produit intérieur brut (PIB). C’est ce que révèle un nouveau document du Fonds monétaire international (FMI) publié sur la situation économique du pays.
Cette hausse enregistrée en pleine crise économique et sanitaire fait de la masse salariale de la fonction publique tunisienne l’une des plus élevées au monde. D’après le FMI, elle est en partie due à la pandémie de covid-19 qui a augmenté les besoins urgents du pays dans le secteur sanitaire, poussant ainsi les autorités à engager plus de personnel. Au total, 40% des nouvelles embauches effectuées par l’Etat, en 2020, l’ont été dans le secteur de la santé.
Si ces nouvelles embauches ont pu être nécessaires pour faire face à la pandémie qui a touché 232 615 personnes dans le pays, à ce jour, elles n’arrangent en revanche pas les finances publiques de l’Etat qui sont déjà sous la double contrainte d’un déficit budgétaire important (11,5% hors dons), et d’une dette publique en hausse. De plus, elles contrastent avec la situation de l’emploi. Le taux de chômage a en effet augmenté, atteignant les 17,4% au cours du quatrième trimestre 2020.
« La hausse des dépenses a été compensée par une baisse des investissements et des subventions énergétiques. En raison de l’augmentation du déficit budgétaire et de la contraction du PIB, la dette de l’administration centrale est estimée avoir augmenté à près de 87 % du PIB », a indiqué le FMI dans son communiqué.
Lors d’une déclaration faite au début du mois de février 2021, le ministre des Finances, Ali Kooli, avait exprimé l’intention de son gouvernement d’obtenir un nouveau financement de l’institution. Mais au préalable, il faudra sans doute pour l’Etat tunisien essayer de stopper l’évolution du chômage et de la dette, et de réduire sa masse salariale en adoptant des mesures fortes allant dans ce sens. Une situation qui n’est pas gagnée d’avance, vu notamment les tensions politiques qui minent depuis plusieurs années les efforts de relance économique, malgré les engagements des décideurs publics.
« Les administrateurs […] soulignent qu’il est nécessaire de réduire la masse salariale et de limiter les subventions énergétiques, tout en accordant la priorité aux dépenses de santé et à l’investissement, ainsi qu’en protégeant les dépenses sociales ciblées. Ils notent que la dette publique de la Tunisie deviendrait insoutenable à moins que ne soit adopté un programme de réforme solide, crédible et bénéficiant d’un soutien étendu. Ils appellent les autorités à rendre la fiscalité plus équitable et favorable à la croissance, et encouragent à prendre des mesures pour apurer les arriérés qui ont été accumulés dans le système de sécurité sociale », insiste le FMI dans son document.
Notons que cette année, l’institution s’attend à un rebond de 3,8% pour la croissance du PIB après une contraction de -8,2% en 2020.
Source : Agence Ecofin