L’opposant Viktor Babaryko condamné à quatorze ans de prison pour corruption en Biélorussie

L’ex-candidat à l’élection présidentielle biélorusse, l’une des principales figures de l’opposition au président, Alexandre Loukachenko, a été condamné mardi.

Opposant au président biélorusse parmi les plus populaires, Viktor Babaryko, qui comptait se présenter à l’élection présidentielle d’août 2020 face à Alexandre Loukachenko mais avait été arrêté quelques semaines avant, a été condamné, mardi 6 juillet, à quatorze ans de prison pour corruption. « Viktor Babaryko a été condamné à quatorze ans de prison dans une colonie pénitentiaire de sécurité maximale », ont annoncé ses soutiens sur le compte Twitter de l’opposant.

Il a été condamné pour avoir reçu des pots-de-vin « en quantité importante » et pour blanchiment d’argent, a précisé l’ONG biélorusse Viasna, qui confirme cette condamnation de la Cour suprême. Le fait que ce soit la Cour suprême qui a rendu cette décision prive M. Babaryko de la possibilité de faire appel.

Il s’est aussi vu infliger une amende d’environ 45 000 euros et l’interdiction d’exercer des fonctions de direction, selon un journaliste indépendant présent à l’audience. L’accusation soutient qu’il a commis ces forfaits quand il était à la tête de Belgazprombank, filiale biélorusse d’une banque appartenant au géant russe Gazprom. Sept autres ex-employés de cette banque, qui ont plaidé coupable et témoigné contre M. Babaryko, ont été condamnés à des peines allant de trois à six ans de prison, selon ce journaliste indépendant.

« Des valeurs humanistes »

L’opposant, âgé de 57 ans, était considéré à son arrestation comme l’adversaire le plus sérieux d’Alexandre Loukachenko à la présidentielle. L’ex-banquier avait recueilli plus de 400 000 signatures pour valider sa candidature à la présidentielle – quand il n’en faut « que » 100 000. A la tête de la banque russe Belgazprombank jusqu’en mai 2020 et son lancement en politique, Viktor Babaryko avait su galvaniser les foules comme, avant lui, le blogueur Sergueï Tsikhanovski, qui avait qualifié le président de « cafard ». Tous deux sont aujourd’hui derrière les barreaux.

La réélection de M. Loukachenko a déclenché l’été dernier un mouvement de protestation inédit qui a rassemblé des mois durant des dizaines de milliers de manifestants. La plus proche conseillère de M. Babaryko, Maria Kolesnikova, a été l’une des trois figures féminines menant la contestation après les arrestations de plusieurs candidats déclarés. Elle a été incarcérée après avoir refusé de s’exiler. Les deux autres, Svetlana Tsikhanovskaïa, devenue l’égérie de l’opposition, et Veronika Tsepkalo, ont fui le pays.

La condamnation de M. Babaryko intervient dans un climat de poursuites tous azimuts contre opposants, ONG et journalistes. « On peut construire un pays avec des valeurs humanistes où l’individu sera respecté », avait lancé M. Babaryko à la fin de juin, lors de son procès, disant croire à un « Bélarus heureux, honnête et ouvert ». 

Source : Le Monde avec AFP

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