Tunisie : Rejet et colère suite à l'arrestation d'un vendeur ambulant de pastèques

Les réseaux sociaux tunisiens n'ont cessé d'exprimer, mardi, colère et opposition à l'arrestation d'un vendeur de pastèques qui avait déversé, il y a quelques heures, la moitié de la cargaison de son camion devant un poste de la Garde Nationale, au sud de la capitale du pays, pour protester contre "les demandes répétées de pots-de-vin".

En colère, Zied Ferchichi, un vendeur de pastèques, a déclaré dans une vidéo publiée lundi, alors qu'il jetait sa marchandise, que "les membres de la Garde Nationale me demandent chaque jour une somme d'argent, sinon la marchandise (pastèques) sera confisquée et le camion sera mis à la fourrière". Le ministère tunisien de l'Intérieur n'a pas encore réagi à cette accusation.

Dans un extrait vidéo diffusé, mardi, par les internautes tunisiens, Massoud Ferchichi, le père du vendeur ambulant de "pastèques" (Zied), a confirmé que son fils avait été interpellé et interrogé "parce qu'il a jeté une partie de sa cargaison devant le poste de la Garde nationale."

Ferchichi a expliqué que son fils "prend soin de lui et de sa femme, qui sont atteints de handicaps physiques."

"A son arrestation aujourd'hui (Zied), deux accusations fallacieuses ont été portées contre lui, à savoir ivresse et désordre sur la voie publique", a-t-il poursuivi.

Et Ferchichi de préciser : "Le geste de mon fils est dû à l'injustice et à l'oppression, ainsi qu'aux diverses extorsions et pots-de-vin qui ont cours dans ce pays."

Des témoins oculaires de la région de "Boumhal" dans le gouvernorat de Ben Arous, ont indiqué au correspondant de l'Agence Anadolu, que le père de "Zied" a sollicité une rencontre avec le ministre de l'Intérieur (il s'agit également du Premier ministre Hichem Mechichi), afin d'exposer le grief et obtenir la libération de son fils.

Dans sa publication sur Facebook, Sofiane Boudawara a déclaré avec sarcasme : "Qui a dit que la Tunisie est un pays de pots-de-vin et d'extorsion ?"

Tandis que Loqman Souwa a déclaré dans un autre post : "Respectez notre intelligence, tout le pays est au courant, et tout le monde garde le silence face à la récurrence de ces pratiques.... Il n'est pas raisonnable que le silence perdure face à ce chantage."

Un compte répondant au nom de "Sinan Tamimi" s'est emporté contre de telles pratiques, déclarant sur Twitter : "Vous n'avez même pas épargné le vendeur de pastèques ? (...) Ayez pitié de ceux qui sont sur Terre, et ceux qui sont dans les cieux auront pitié de vous ?".

L'Agence Anadolu n'a pas pu obtenir de réaction du ministère de l'Intérieur concernant ces accusations ou le motif de l'arrestation.

Le gouvernement tunisien a annoncé le 7 juin la nomination d'un nouveau président de l'Instance nationale de lutte contre la corruption.

L'Institut tunisien de la statistique (gouvernemental) a déclaré en mars dernier que le taux de chômage avait augmenté à 17,8 % au premier trimestre 2021, contre 17,4 % au quatrième trimestre 2020.

Les données relatives au chômage indiquent que 742,8 mille chômeurs ont été recensés jusqu'à la fin du mois de mars dernier, contre 725,1 mille au quatrième trimestre de 2020.

La Tunisie traverse une crise politique et une situation économique difficile, qui s'est intensifiée avec les pressions continues résultant de la pandémie de coronavirus. Le produit intérieur brut s'est contracté de 3 % sur une base annuelle au cours du premier trimestre de 2021.

Source : AA

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