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- Le 22 Novembre 2024
L’état-major a appuyé la demande de l’opposition qui réclame la démission de Nikol Pachinian après la défaite militaire face à l’Azerbaïdjan au Haut-Karabakh fin 2020.
Le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a dénoncé jeudi 25 février une tentative de coup d’Etat militaire et limogé son chef d’état-major, après que le commandement de l’armée a réclamé la démission de son gouvernement. La Russie, qui dispose d’une base militaire sur le territoire arménien, se dit « préoccupée » par la situation et a appelé « au calme » dans cette ancienne République soviétique.
« Je considère que la déclaration de l’état-major est une tentative de coup d’Etat militaire. J’invite tous nos partisans à se rassembler place de la République » à Erevan, a écrit M. Pachinian sur sa page Facebook. Dans une allocution en direct sur ce réseau social, M. Pachinian a ensuite annoncé le limogeage du général Onik Gasparian, à la tête de l’état-major.
M. Pachinian, qui a pris la tête d’une marche de partisans dans les rues d’Erevan, a prévu de se rendre place de la République où il s’adressera à ses partisans à 16 heures. Il a assuré que « les forces de l’ordre assureront la sécurité du rassemblement ».
La principale formation d’opposition, le parti Arménie prospère, a aussi appelé à manifester jeudi et a lancé un appel au premier ministre :
« Nous appelons Nikol Pachinian à ne pas mener le pays vers la guerre civile et une effusion de sang. Pachinian a une dernière chance de partir sans qu’il n’y ait de troubles. »
Mercredi, M. Pachinian avait limogé Tigran Khatchatrian, l’adjoint du général Gasparian, ce qui avait conduit l’état-major à réclamer sa démission dans un communiqué, jugeant que le premier ministre n’était « plus en mesure de prendre les décisions qui s’imposent ». Ils l’ont accusé « d’attaques destinées à discréditer les forces armées ».
Le premier ministre avait limogé Tigran Khatchatrian, car ce dernier s’était moqué dans la presse de ses déclarations mettant en cause la fiabilité d’un système d’armement russe, les lance-missiles Iskander, durant le conflit du Karabakh. L’état-major a jugé que cette décision était uniquement basée « sur les sentiments et ambitions personnelles » de M. Pachinian.
Le premier ministre arménien est depuis des semaines sous la pression de l’opposition, qui réclame sa démission à cause de la défaite militaire de l’Arménie face à l’Azerbaïdjan à l’automne 2020 dans le conflit du Haut-Karabakh.
A l’époque, confronté au risque d’une débâcle, il avait accepté, avec le soutien de l’armée et de son état-major, les conditions d’un cessez-le-feu négocié par le président russe, Vladimir Poutine, qui impliquaient d’importantes pertes territoriales pour l’Arménie.
Erevan contrôle de facto encore, grâce à la présence de séparatistes arméniens, l’essentiel de la région du Haut-Karabakh. Mais l’Arménie a perdu la ville symbolique de Choucha, ainsi qu’un glacis de régions azerbaïdjanaises entourant la région et qu’elle contrôlait depuis les années 1990.
Cette défaite a été vécue comme une humiliation nationale, et l’opposition tente depuis d’arracher le départ du premier ministre, qui avait assuré presque jusqu’au bout du conflit, qui a duré de septembre à novembre 2020, que ses forces avaient l’avantage.
La Turquie, avec laquelle l’Arménie entretient des rapports tendus et qui avait soutenu l’Azerbaïdjan pendant le conflit, a « fermement condamné », jeudi, la « tentative de putsch », selon les mots du chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu.
Nikol Pachinian, ancien journaliste et opposant historique passé par la prison, est arrivé au pouvoir au printemps 2018, porté par une révolution promettant de sortir ce pays du Caucase de la pauvreté et de déraciner une élite corrompue. L’Arménie, depuis son indépendance à la chute de l’URSS en 1991, a connu une succession de crises politiques et de révoltes, dont certaines furent meurtrières.
Source : Le Monde avec AFP et Reuters