Algérie. Législatives du 12 juin: les listes indépendantes retracent les contours de la scène politique dans le pays

Les listes indépendantes ont raflé, lors des élections législatives de samedi dernier, 78 des 407 sièges que compte l'Assemblée populaire nationale (APN), réalisant un bond dans la composante de l'APN et un remodelage de la scène politique dans le pays.

Selon les résultats préliminaires, les indépendants s'imposent en tant que seconde force politique dans le pays, derrière le parti du Front de libération nationale (FLN), ayant obtenu 105 sièges, suivis du Mouvement de la société pour la Paix (MSP), classé 3eme avec 64 sièges. Les indépendants ont pris, ainsi, une avance sur nombre de formations politiques traditionnelles.

Compte tenu des résultats obtenus, les députés indépendants auront réalisé le défi de "la présence considérable" dans la composante de la nouvelle APN en concourant avec 1.208 listes électorales représentant 22.500 candidats, contre 1.080 listes partisanes.

Ils ont tiré profit, en outre, de l'engagement du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à financer la campagne des candidats âgés de moins de 40 ans afin de les mettre à l'écart de "l'argent sale dans l'action politique", outre "la moralisation de la vie politique, le renouvèlement des institutions de l'Etat la réhabilitation des institutions élues", et ce, dans le cadre de l'Algérie nouvelle et la réalisation des revendications du Hirak populaire du 22 février 2019.

Selon plusieurs observateurs, les résultats obtenus par les listes indépendantes sont "historiques" dans le processus des différentes législatives qu'a connu le pays, et ce, après avoir réalisé 28 sièges lors des législatives de 2017 et 19 sièges en 2012, enregistrant, ainsi, une tendance ascendante d'une période législative à l'autre.

Toutefois, certains politologues, à l'instar de l'enseignant à l'université d'Alger, Laid Zoughlami, estiment que "les législatives de 2021 ne peuvent être comparées aux précédentes qui manquaient de régularité  et de transparence".

L'obtention par les candidats indépendants de 78 sièges dans la composante de la nouvelle chambre basse du Parlement traduit les aspirations de nombreux citoyens et citoyennes dans le choix de leurs représentants loin de toute couleurs politique, idéologique et partisanes, optant pour des députés indépendants dont la majorité sont des jeunes diplômés d'université.     

Cette volonté s'est traduite par les interventions des candidats  indépendants lors de leurs campagnes électorales pour ces élections à travers "la focalisation sur les actions de proximité et les préoccupations quotidiennes des citoyens loin du discours politique habituel".

Pour la majorité des représentants de ces listes, il est nécessaire de donner une occasion aux jeunes pour investir dans les différents domaines et tirer profit de la volonté politique de changement auquel les hautes autorités du pays accorde une grande importance", insistant également sur le volet relatif au développement et à l'amélioration des conditions de vie des citoyens ainsi que la prise en charge des préoccupations des citoyens et la lutte contre la bureaucratie".

Le président de l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Charfi a estimé que "les listes présentées témoignent de la prise conscience de tout un chacun de la nécessité du changement, qui ne saurait être opéré sans de nouvelles idées", affirmant que "cela est perceptible à travers le niveau des candidats aux prochaines échéances". 

Le scrutin de liste ouverte à la proportionnelle a donné une "autre image" pour les listes indépendantes 

D'un point de vue juridique, la loi organique relative au régime électoral avait un "impact" sur les résultats réalisés par les candidats des listes indépendantes car elle contient "un changement radical" dans le mode de vote, à savoir le scrutin de liste ouverte à la proportionnelle, qui a donné "une autre image" des indépendants qui peuvent être plus forts, notamment "la possibilité d'entrer dans des alliances avec d'autres formations politiques dans le Parlement", a indiqué Dr. Zoughlami.

Dans ce sens, l'article 191 de ladite loi stipule que les membres de l'Assemblée populaire nationale (APN) sont élus via "le mode de scrutin de liste ouverte à la proportionnelle avec vote préférentiel". La liste doit contenir "un nombre de candidats supérieur aux sièges à pourvoir (03) au niveau des circonscriptions électorales où le nombre de sièges est impair et deux (02) pour les circonscriptions électorales où le nombre de siège est pair".        

L'enseignant en Droit et contentieux constitutionnels, Farouk Daikha a affirmé que "le nouveau régime électoral réduit le risque de fraude et renforce la surveillance des bureaux de vote, en s'appuyant sur le scrutin de liste ouverte à la proportionnelle avec vote préférentiel".

Il a soutenu que "le nouveau régime électoral a apporté d'importants changements comparé au régime précédent, du fait qu'il repose sur le vote préférentiel (..) précisant que la nouvelle loi a renforcé l'opération de surveillance des élections et réduit le risque de fraude.

Le dépouillement au niveau des bureaux de vote "permettra à tout parti de collecter ses résultats, en sus d'impliquer le candidat dans l'opération de surveillance.

Par ailleurs, ces législatives s'inscrivent dans le prolongement des réformes et démarches politiques entreprises dans le pays, à la faveur de la Présidentielle du 12 décembre 2019 et le référendum sur la Constitution du 1er novembre 2020, et ce de par la création d'un nouveau régime électoral en mars dernier et l'installation de l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) qui a supervisé l'organisation de ces échéances.

Source : APS

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