Le nouveau face-à-face entre Russie et Etats-Unis au Conseil des droits de l’homme

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a annoncé que son pays allait être candidat au CDH pour la période 2022-2024. S’il a plaidé pour la défense des droits humains dans le monde, il a reconnu le travail que l’Amérique doit faire sur elle-même, notamment en matière de racisme. Face à lui, Sergueï Lavrov s’en est pris aux gouvernements occidentaux et aux Américains

Il y a peu, l’administration de Donald Trump, Mike Pompeo et Nikki Haley érigeait l’Amérique en modèle quand il était question de droits humains. Elle en profitait pour fustiger le Conseil des droits de l’homme. Mercredi, le secrétaire d’État Antony Blinken a donné une tout autre image des Etats-Unis. Intervenant devant le CDH, il a bien insisté sur le fait que la démocratie et les droits humains étaient au cœur de la politique étrangère américaine. Il a aussi annoncé que les Etats-Unis allaient se porter candidat au CDH pour la période 2022-2024, un virage à 180 degrés par rapport à l’administration Trump qui avait claqué la porte de l’institution en 2018. 

Antony Blinken a reconnu que toute promesse visant à lutter pour les droits humains à travers le monde doit commencer chez soi, en Amérique. «Les gens de couleur aux Etats-Unis doivent vivre chaque jour avec les conséquences du racisme systémique et des injustices économiques.» Le président Joe Biden entend ainsi appréhender frontalement la question du racisme, exacerbé durant les quatre années de la présidence Trump en levant les discriminations en termes de logement, en réformant le système carcéral, en améliorant les conditions de vie des Amérindiens et en combattant les discriminations dont souffrent les Américains d’origine asiatique. «Nous ne prétendons pas que les Etats-Unis sont parfaits, mais nous nous battons quotidiennement pour nous améliorer, pour rendre des comptes, pour devenir une union plus parfaite», a ajouté le chef de la diplomatie.

Tensions russes

Exacerbé par le caractère virtuel de la 46e session du CDH, le face-à-face avec son homologue russe Sergueï Lavrov a bien eu lieu. Si le secrétaire d’État américain a réitéré l’appel lancé au gouvernement russe à libérer immédiatement l’opposant Alexeï Navalny ainsi que des centaines d’autres citoyens russes détenus pour avoir exercé leurs droits fondamentaux, le ministre russe des affaires étrangères a été moins diplomatique. Se référant sans le dire aux Etats-Unis, il a déclaré: «Ceux qui pendant des décennies ont fait la leçon au monde entier pour respecter la liberté d’expression se montrent maintenant intolérants à d’autres points de vue.»

Les relations entre l’Occident et la Russie ne sont pas bonnes. L’Union européenne vient d’adopter des sanctions contre des officiels russes en lien avec l’affaire Navalny. Sergueï Lavrov n’a pas manqué de riposter: «Malheureusement, malgré la pandémie et le cruel besoin de consolider nos efforts, des collègues occidentaux n’ont pas l’intention de réviser leurs politiques égoïstes et de renoncer à des approches basées sur la force et des méthodes illégales de chantage et de pression.» Pour le ministre russe, qui sert loyalement la diplomatie de Vladimir Poutine depuis 2004, les «gouvernements occidentaux continuent d’ignorer de façon obsessionnelle l’impact nuisible de restrictions illégales à l’exercice des droits humains. Nous y voyons non seulement la politisation de questions humanitaires, mais aussi une volonté d’utiliser la pandémie pour punir des gouvernements perçus comme répréhensibles.»

Si les Etats-Unis devaient être élus au CDH cet automne par l’Assemblée générale de l’ONU, Russes et Américains se retrouveraient face à face dans une configuration nouvelle où la conception même des droits humains apparaît très différente d’un côté et de l’autre.

Source : letemps

 

 

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