Algérie: Une minorité à l’APN

C’est le bas taux participation jamais enregistré dans l’histoire des élections législatives depuis l’instauration du pluralisme politique. Seulement   un  Algérien  sur  cinq  s’est   déplacé  aux  urnes.  Le  nombre de bulletins nuls a dépassé le million.

Au bout de plusieurs heures de suspense, le président de l’Autorité nationale indépendante  des  élections, Mohamed Charfi, a  fini par  donner, hier en fin d’après-midi  au  Centre  international  des  Conférences, les  résultats  des élections législatives anticipées. 

Une nouvelle fois, le  président  de l’Anie  a  évité  de  donner  le  taux  de participation. Mais vu le nombre de votants estimés à 5,6 millions sur un peu plus de 24 millions d’électeurs inscrits, le taux est, selon nos calculs,  de 23,03%. Un taux de loin inférieur à celui annoncé le soir du scrutin, soit 30% . Ce qui confirme en effet que ce chiffre constitue la “moyenne” des taux de participation par wilaya.

Précédé par les réseaux sociaux qui  ont  donné, depuis lundi, les grandes tendances qui proviennent des différentes régions du pays, le président de l’Anie a confirmé, à des détails près et au terme d’un très long exposé, les informations données dans la presse du jour : le parti du Front de libération nationale maintient ainsi sa  position  comme  première “force politique” du parlement.

Le FLN, qui pilotait la majorité sortante  à  l’APN, a obtenu 105 sièges de députés, a annoncé Mohamed Charfi dans sa conférence de presse animée au centre international de presse. Le parti de Baadji Abou El fadhl a déjoué ainsi tous les pronostics. Il s’est permis même d’arriver en pôle position dans beaucoup de wilayas.

Visiblement servi par  le  seuil  des 5% qu’il a  réussi à dépasser, grâce probablement à la discipline de ses militants mais aussi à ses réseaux, l’ancien parti unique a raflé la mise avec 13 députés à Djelfa. Soit le nombre total des députés de la wilaya. A Alger, la formation politique a obtenu 10 sièges sur les 34 mis en jeu. Il est aussi le premier parti à Béjaïa où il a obtenu  8 postes de députés sur 9. Son allié de toujours, le Rassemblement national démocratique, n’a pas été enterré non plus.

Il sort la tête de l’eau. Le parti que préside depuis une année Tayeb Zitouni aura un groupe parlementaire de 57 députés. Une bonne consolation pour celui qui a crié récemment à des  dépassements  de  la part de l’ANIE. Seul bémol : le RND n’a obtenu aucun siège à Alger. 

Percée des “indépendants”

Seconde “force politique” sortie des urnes, les listes indépendantes, lesquelles ont réussi à placer 78 de leurs candidats dans la prochaine Assemblée populaire nationale. Une percée qui confirme les prédictions de nombreux observateurs. Plus nombreuses en termes de candidatures, ces listes n’ont glané des députés que dans de rares circonscriptions électorales dont les détails ont été donnés au terme de la conférence de presse.

Toutefois, nous  sommes  loin  du  raz-de-marée  annoncé  au  début  de la campagne électorale surtout que visiblement, le seuil des 5% a handicapé beaucoup de candidats, notamment ceux des wilayas à forte concentration de la population.

Annoncé comme possible vainqueur du scrutin, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) n’a pas réussi quant à lui à dépasser la barre des 64 sièges, déjà atteinte lors de précédents scrutins. Seul parti qui se revendique franchement du courant islamiste, la formation d’Abderrazak Makri s’offre ainsi la troisième position.

Son leader a pourtant revendiqué la victoire dès le lendemain du scrutin. Recadré sèchement par Mohamed Charfi, il n’est plus jamais revenu à la charge. Bizarrement, en dehors d’Alger où il a fait élire 8 parlementaires, le MSP n’est sorti premier que dans de rares circonscriptions. Même pas dans ses fiefs traditionnels à l’est du pays.

Dans la mouvance islamiste, le Front de la justice et le développement (FJD) de Abdellah Djaballah est désormais réduit au rang d’un tout petit parti. Les résultats rendus publics lui donnent uniquement 2 députés.

Loin des précédents scores où la formation politique obtenait un nombre beaucoup plus important de sièges. Il ne pourra même pas constituer un groupe parlementaire. Une humiliation pour un homme qui a toujours voulu se présenter comme le leader du courant islamiste dans le pays. Il n’est pas exclu que “le cheikh” passe la main à l’issue de ce scrutin et quitte la scène politique. 

Un sort différent pour les deux anciens candidats “malheureux” à l’élection présidentielle de décembre 2019. Abdelaziz Belaïd et Abdelkader Bengrina ont été en effet “récompensés” par respectivement 48 et 40 députés chacun. Rien que dans l’Algérois, les deux formations politiques ont réussi à glaner 8 sièges chacun, au même niveau que le MSP, mais derrière le FLN.

On ne connaît pas encore ce que sera l’attitude de ces deux formations politiques. Mais rien n’indique qu’elles seraient tentées par croiser le fer avec la présidence de la République, surtout qu’elles comptent dans le gouvernement actuel des ministres issus de leurs rangs.

Pour le reste, les sièges ont été attribués à une dizaine de formations politiques. Le parti de La bonne gouvernance et La voix du peuple  auront trois députés chacun, suivis de Fadjr El Djadid de Benbaibeche, avec deux députés. 

Seul parti de l’ancienne opposition à entrer dans cette course électorale, Jil Jadid n’a obtenu qu’un seul siège de député. Ses responsables ont attribué à ce résultat au fort taux d’abstention et au manque d’expérience de leurs candidats.

Légalement, les résultats définitifs seront confirmés, dans une dizaine de jours, par le Conseil constitutionnel qui donnera ainsi la composition officielle de la future chambre basse du parlement. Celle-ci sera installée dans un maximum de 20 jours. Il reste désormais à connaître les futures alliances et le prochain président de l’APN. Il faudra aussi scruter les choix du chef de l’Etat notamment lorsqu’il s’agira de désigner le futur Premier ministre.

Source : La Liberte

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