Le procès de l’ancien directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel, va revenir au tribunal. Son pourvoi en cassation a été accepté par la Cour suprême.
Dans son rendu, la Cour suprême a en effet expliqué que les charges retenues contre l’ancien chef de la police n’étaient pas “motivées”. Le document de la Cour suprême, relayé par des médias, reproche en effet à la cour d’Alger de ne pas avoir suffisamment “prouvé” les accusations portées à l’encontre de l’accusé. Il en est ainsi de l’accusation d’“enrichissement illicite”.
La plus haute juridiction du pays ne conteste pas le fait que l’ancien DGSN pouvait avoir des sources de revenus autres que les salaires et retraites qu’il percevait en tant qu’ancien officier supérieur de l’armée et ancien DGSN. Mais la cour d’Alger “n’a pas prouvé” la provenance des autres fonds.
La même réponse a été donnée quant à l’accusation de “blanchiment d’argent et d’utilisation de fonds provenant de revenus criminels”. La Cour suprême a fait remarquer que la cour d’Alger n’a pas “prouvé” la provenance de ces fonds. Pis encore, la justice a été incapable de “citer les noms des organisations criminelles”.
De ce fait, la Cour suprême a estimé que les peines prononcées par la cour d’Alger, qui a confirmé les peines que lui a infligées le tribunal de Sidi M’hamed, vont tomber. La justice devra donc donner une date pour refaire le procès d’Abdelghani Hamel et de sa famille dans “les plus brefs délais”.
L’ancien DGSN, un des hommes les plus puissants de l’ère Bouteflika, a été condamné à 12 ans de prison ferme pour “enrichissement illicite”, “mauvais emploi de la fonction”, “blanchiment d’argent et utilisation de fonds provenant d’activités criminelles”.
L’ancien patron de la police, à qui la rumeur prêtait des ambitions présidentielles, avant sa chute brutale à l’été 2018, a évidemment nié les faits qui lui sont reprochés. Son procès a révélé aux Algériens l’existence d’une énorme fortune amassée par la famille Hamel, dont les deux fils, la fille et l’épouse possédaient des dizaines de biens immobiliers, des entreprises en tout genre et plus d’une centaine de comptes bancaires.
Comble de l’ironie, l’ancien chef des gardes-frontières, de la Gendarmerie nationale et de la Garde républicaine, s’est montré parfois incapable de justifier l’acquisition d’un bien ou la détention d’un compte bancaire. Confondu par le juge au sujet d’un terrain qu’il aurait acquis, l’enfant de Tlemcen, qui croupit à la prison de Koléa, a répondu qu’il n’avait appris l’existence de ce lot de terrain que lors de l’instruction.
Abdelghani Hamel, 69 ans, a fait sa carrière dans la gendarmerie. Ce natif de Tlemcen a ensuite occupé le poste de chef de la Garde républicaine avant de remplacer Ali Tounsi, en 2010, à la tête de la police nationale. Sa proximité avec le clan Bouteflika a fait de lui, supposait-on, un outsider pour remplacer Abdelaziz Bouteflika. Mais l’éclatement, en mai 2018, de l’affaire des 701 kg de cocaïne au port d’Oran a précipité sa chute.
Un de ses fils possédait, à Oran, un port sec où l’importateur mis en cause dans cette affaire de drogue, entreposait des conteneurs. Mais le procès de cette affaire ne s’étant pas encore ouvert, l’implication de l’ancien DGSN dans cette affaire n’est pas prouvée. “Celui qui doit lutter contre la corruption doit être lui-même propre”, disait-il en juin 2018, quelques jours avant son limogeage. Il va pouvoir s’expliquer une nouvelle fois.
Source : La Liberte