En Allemagne, nette victoire des conservateurs d’Angela Merkel dans un scrutin test

Ce succès est une très bonne nouvelle pour Armin Laschet, l’impopulaire chef de l’Union chrétienne-démocrate et aspirant à la succession de la chancelière.

Les conservateurs allemands ont remporté, dimanche 6 juin, une nette victoire face à l’extrême droite lors d’un scrutin régional crucial dans l’ex-RDA. Ce succès est une très bonne nouvelle pour Armin Laschet, l’impopulaire chef de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) et aspirant à la succession d’Angela Merkel après les législatives de septembre.

Selon les résultats provisoires, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) obtient environ 37 % des voix, contre 21 % pour l’extrême droite de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) dans ce scrutin de Saxe-Anhalt, à l’ouest de Berlin, le dernier avant les élections nationales du 26 septembre qui marqueront la fin des seize ans d’Angela Merkel à la chancellerie.

La droite, portée par le populaire chef du gouvernement régional Reiner Haseloff, améliore son score de près de 6 points, tandis que l’extrême droite recule légèrement.

« Il s’agit d’un résultat sensationnel », s’est réjoui le secrétaire général de la CDU, Paul Ziemiak, dont il a attribué le mérite en premier lieu au chef du gouvernement local, Reiner Haseloff. « Je suis ravi », a déclaré ce dernier, « les gens ont voté contre l’AfD (…), nous avons combattu de façon unie, c’est aussi un message en direction de Berlin », a-t-il prévenu.

Armin Laschet, contesté jusque dans ses rangs, avait cruellement besoin d’un succès pour rassembler ses troupes et consolider la position des conservateurs qui, après avoir chuté derrière les Verts dans les intentions de vote au niveau national, sont de nouveau en tête des sondages. Le plus grand parti d’Allemagne a tremblé en Saxe-Anhalt : si la plupart des enquêtes d’opinion lui donnaient l’avantage, il était talonné par l’AfD, parti antimigrants devenu la deuxième force politique régionale depuis 2016.

Un gouvernement sans l’AfD

Depuis que M. Laschet a pris les commandes de la CDU en janvier, le plus grand parti allemand a traversé une crise de confiance, liée aux ratés dans la gestion gouvernementale lors de la troisième vague de l’épidémie de Covid-19 et aux scandales de corruption de ses députés lors de contrats d’achats de masques de protection.

La formation, qui avait subi deux cuisants revers en mars lors de deux élections régionales, a aussi souffert d’une lutte interne acharnée : la candidature de M. Laschet était contestée par le chef du parti bavarois CSU, Markus Söder, jugé par beaucoup plus apte à mener la campagne. M. Laschet s’est imposé mais reste mal aimé dans le pays.

M. Haseloff, dont le parti avait rassemblé 30 % des suffrages aux dernières élections, a clairement exclu toute alliance avec l’extrême droite, même si certains membres de son parti ont flirté avec cette idée ces dernières années. Depuis 2016, il dirigeait une coalition inédite dans le pays, avec les Verts et les sociaux-démocrates du SPD.

Reiner Haseloff pourrait reconduire sa coalition avec les écologistes, traditionnellement faibles en ex-RDA, qui ont légèrement progressé avec 6,2 % des suffrages, et le SPD, même si ce dernier a perdu des voix. Il pourrait aussi envisager une autre configuration avec les libéraux du FDP, qui vont faire leur retour au parlement régional.

Très marqué par l’industrie charbonnière, le Land de Saxe-Anhalt est l’un des Etats de l’Est les plus affectés par l’exode de ses habitants depuis la réunification en 1990. Un terrain fertile pour l’AfD, qui a bâti son succès en alimentant les craintes face à l’afflux de migrants dans le pays en 2015 et qui accuse régulièrement Berlin d’avoir délaissé les régions de l’ex-RDA.

En 2017, l’extrême droite avait fait une entrée fracassante au Bundestag, le Parlement, y devenant avec 12,6 % des voix la première force d’opposition.

Source : Le Monde avec AFP

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