Pour la quatrième semaine consécutive, les marches du mouvement populaire « Hirak » ont eu lieu uniquement à Béjaïa et Tizi-Ouzou. A Alger, il n’y pas eu de tentative de marche, comme c’est le cas ailleurs dans les autres villes, à l’exception de Bouira où la tentative de marche a été réprimée par les forces de l’ordre, selon des sources médiatiques.
A Béjaïa et Tizi-Ouzou, plusieurs milliers de manifestants ont battu le pavé à l’occasion du 120ème vendredi du Hirak, dont les marches ont repris en février dernier, après une année de suspension, pandémie de la Covid-19 oblige.
A cette occasion, les manifestants ont réitéré les revendications du mouvement populaire en scandant des slogans appelant à un changement radical, un Etat démocratique et de droits et des libertés. Tout en dénonçant la répression, les manifestants ont également appelé à la libération des détenus d’opinion dont le nombre est 214 selon un décompte du Comité national pour la libération des détenus (CNLD).
Les protestataires ont aussi réitéré leur rejet des élections législatives prévues le 12 juin, et dont la campagne électorale est à son 16ème jour. Les manifestants ont fustigé les candidats aux élections législatives.
Ce vendredi 4 juin 2021, à Alger, comme d’ailleurs dans les autres villes du pays, aucune marche n’a été signalée, à l’exception de Bouira, où la tentative de marche a été réprimée par les forces de l’ordre pour la deuxième semaine consécutive, selon des médias. Comme les trois précédents vendredis, le centre-ville de la capitale a été quadrillé par les forces de l’ordre de la police.
Marches du Hirak : le président Tebboune s’exprime
Dans une interview accordée au magazine d’actualité hebdomadaire français « Le Point », le président Tebboune, s’est exprimé sur les marches du Hirak et la vague d’arrestations et d’incarcérations des manifestants ces derniers mois.
« Lorsque les marches, après la présidentielle, rassemblaient encore de 20 000 à 25 000 manifestants à travers le pays, j’ai été le premier à tendre la main aux gens du Hirak et à les recevoir. Dans mon premier gouvernement, on compte cinq ministres qui en sont issus. Des personnes que j’avais vues m’insulter dans des vidéos ! », a-t-il déclaré.
Rappelant qu’ « ensuite, on a commencé à libérer des détenus pour arriver à 120 relaxés », le président Tebboune a ajouté : « Les gens continuaient à me critiquer, mais j’ai continué à faire des gestes. J’ai l’impression que cela a été interprété comme une faiblesse. Les gens pensaient qu’on était dos au mur. Ils se trompaient ».
Expliquant que « le manifestant et le policier qui maintient l’ordre public sont les enfants de la même République », il a indiqué : « Je n’ai pas le droit de les laisser s’affronter. D’autant plus que les appels à la violence étaient clairs. Tant qu’on était au stade des idées, il n’y avait pas de problème, mais les appels à la violence, c’est autre chose. »
« Je n’utilise plus ce mot (Hirak) parce que les choses ont changé. Le seul Hirak auquel je crois est le Hirak authentique et béni qui a spontanément rassemblé des millions d’Algériens dans la rue. Ce Hirak-là a choisi la voie de la raison en allant à l’élection présidentielle. Il n’a pas écouté le chant des sirènes qui le poussait à aller vers une période transitoire, et dix millions d’Algériens sont allés voter. Une minorité a refusé l’élection. Je pense que tout Algérien a le droit de s’exprimer, mais je refuse le diktat d’une minorité », a encore déclaré le président Tebboune.
Selon lui, « aujourd’hui, dans ce qui reste du Hirak, on trouve de tout, il y en a qui crient « État islamique ! » et d’autres qui scandent « pas d’islam ! ». Les manifestants expriment peut-être une colère, mais ce n’est pas le Hirak originel. C’est très hétéroclite. »
Source : Algerie-Eco