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- Le 22 Novembre 2024
Le président biélorusse rechigne à mettre en place une réforme constitutionnelle réclamée par Moscou, mais conserve le soutien du Kremlin.
Ce sera la deuxième fois en six mois que le président russe Alexandre Loukachenko visite la ville balnéaire russe de Sotchi pour rencontrer Vladimir Poutine. Les deux hommes d’État devront, lundi 22 février, discuter « des questions clés liées au développement du partenariat stratégique et de l’union entre la Russie et la Biélorussie », d’après un communiqué du Kremlin. Le décor d’apparat et les poignées de main seront sans doute les mêmes. Le contexte, lui, a radicalement changé.
Le 14 septembre dernier, c’est un Loukachenko presque aux abois qui vient demander le soutien du grand frère russe. Voilà plus d’un mois que des centaines de milliers de manifestants réclament son départ, dans la foulée d’un scrutin présidentielle entaché de fraudes. La répression brutale du pouvoir biélorusse n’a alors pas entamé la détermination de l’opposition, et si Moscou continue de soutenir Alexandre Loukachenko, le message de cette première rencontre depuis l’élection est clair : le président biélorusse doit entamer une réforme constitutionnelle « logique et opportune », d’après Vladimir Poutine, pour poser les bases d’une future transition du pouvoir. Un prêt de 1,5 milliard de dollars est aussi accordé par Moscou pour faire passer l’amère pilule.
La logique de la réforme est alors « de se débarrasser d’un Loukachenko qui fatigue Moscou, et de guider la transition d’une manière favorable à la Russie », estime Katsiaryna Shmatsinan, une analyste à l’Institut Biélorusse des Études Stratégiques.
Six mois plus tard, la tête de file en exil de l’opposition, Svetlana Tikhanovskaïa, l’a reconnu : « nous avons perdu la rue », a-t-elle confié cette semaine au journal suisse Le Temps. Les manifestations ont largement cessé, tandis que la répression continue de battre son plein dans les tribunaux : deux journalistes d’une chaîne de télévision d’opposition ont ainsi été condamnées, le 18 février, à deux ans de prison pour avoir couvert une manifestation en direct.
Dans ces conditions, Alexandre Loukachenko est maintenant « dans une bien meilleure position », assure depuis Minsk le politologue Valeri Karbalevitch. S’afficher aux côtés du président russe offre de belles images aux médias d’État, et permet de rassurer l’élite, dans un pays toujours très dépendant de Moscou.
« Mais avec les manifestations au minimum, Loukachenko n’a plus autant besoin du soutien russe, ce qui lui laisse de plus importantes marges de manœuvres » ajoute-il. Et la liberté de procrastiner sur la réforme constitutionnelle, en se contentant d’annoncer en février, lors d’une « Assemblée populaire pan-biélorusse », un possible – et très vague – référendum sur le sujet l’an prochain. « Moscou voulait que cette réforme se fasse rapidement, mais Loukachenko veut la faire traîner sur plusieurs années » conclut Valeri Karbalevitch.
Le calcul pourrait bien avoir changé aussi du côté de Moscou, qui a dû faire face à ses propres manifestations anti-pouvoir au début de l’année. « La Russie a maintenant des problèmes intérieurs aussi, sans compter la dégradation des relations avec l’Ouest, et il pourrait maintenant être plus simple pour le Kremlin de soutenir par inertie un régime de Loukachenko qui reste prévisible », estime Katsiaryna Shmatsinan.
D’autant que la Russie conserve le puissant levier d’influence de l’aide financière vers un État en difficulté économique : d’après le quotidien économique russe Kommersant, Vladimir Poutine pourrait ainsi accorder, le 22 février, à la Biélorussie un nouveau crédit d’un montant de trois milliards de dollars.
Source : La-croix