Sur le marché parallèle, le taux de change à la vente de la monnaie européenne a grimpé de 210 DA pour 1 euro à 210,20 hier sur la place du square Port-Saïd à Alger.
En s’approchant de certains cambistes sur place, les cambistes étaient fébriles quant aux prévisions sur les taux des prochains jours. «Il ne cesse d’augmenter», nous a affirmé un jeune en quête d’une opération de change. Selon ses dires, «le dinar ne reprendra jamais», notamment avec une probable ouverture des frontières.
Jusqu’à présent, l’ouverture partielle et les conditions d’entrée imposées par les autorités, «très critiquées» de la part de la diaspora, risquent de ne pas attirer beaucoup de monde dans un premier temps pour rentrer au pays, et de même pour les sorties, vu que les centres de visa n’ont pas encore repris leurs activités.
Un autre marchand, avec une liasse de billets en main, dit lui aussi ne pas être certain pour les jours à venir. «Nous ne pouvons pas prévoir comment va être l’évolution du taux de change sur le marché», nous a-t-il souligné.
Selon lui, «le change est soumis à l’offre et la demande» et, pour l’instant, l’offre est très restreinte avec la fermeture des frontières. «Nous sommes dans attente d’une évolution», a-t-il ajouté.
Les cambistes du marché noir du Square Port-Saïd espèrent à travers l’ouverture des frontières retrouver la dynamique des changes qu’il y avait durant les années précédentes, et sont à l’écoute de la moindre information qui peut réveiller un marché qui stagne et dont l’approvisionnement s’amenuise de plus en plus.
Cependant, avec le recul du pouvoir d’achat des ménages, il devient de moins en moins évident pour la grande majorité des Algériens de voyager. Il est attendu, en effet, qu’il n’y aura pas une grande pression sur la demande de devises, notamment avec d’éventuelles restrictions sanitaires qui peuvent être émises pour les voyages.
En effet, l’annonce de la dépréciation de la valeur du dinar a engendré une pression proportionnelle sur la demande de la devise. Une pression due au fait que les gens font appel à la devise comme valeur refuge pour constituer leur épargne. Et il n’y a qu’une reprise normale des vols qui pourrait engendrer une flambée subite des cours de change sur le marché parallèle.
Pour l’économiste Kamel Benkhebecheche, la valeur du «dinar va baisser, suite à l’ouverture des frontières…» et «le taux de change sur le marché parallèle va suivre le taux officiel».
Mais «l’écart entre les deux taux n’augmentera pas, il peut même se réduire, parce que la demande de devises va marquer le pas, la population étant de plus en plus pauvre (dépréciation du dinar, inflation)».
Sur le marché officiel, le cours du change de la monnaie nationale a atteint, une seconde fois depuis le début de cette semaine, un autre record face à la monnaie européenne. Selon les cotations hebdomadaires des billets de banque et des chèques de voyage, communiquées par la Banque d’Algérie, l’euro s’échange à 170,10 DA, le dollar, quant à lui, est à 139,46 DA.
Cette dépréciation du dinar a été prévue dans la loi de finances de cette année, vu que le dollar peut atteindre 142,20 DA d’ici la fin de l’année, contre 133 actuellement.
Source : El Watan