Cette décision ouvre la voie à des législatives anticipées dans les six mois. Le président algérien a également procédé à un remaniement partiel de son gouvernement.
Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a dissous, dimanche 21 février, l’Assemblée populaire nationale (APN), la chambre basse du Parlement, dont le mandat devait expirer en 2022, selon la télévision nationale. Cette décision, annoncée par M. Tebboune jeudi, ouvre la voie à des élections législatives anticipées dans les six mois.
Aucune date n’a encore été fixée pour le scrutin. Mais la classe politique table sur le mois de juin. Selon la Constitution algérienne, les élections doivent avoir lieu dans un délai de trois mois après une dissolution. Dans le cas où elles ne peuvent être organisées avant cette échéance, le scrutin peut être repoussé pour une durée unique de trois mois.
M. Tebboune a en outre procédé dimanche à un remaniement partiel de son gouvernement, très attendu, mais sans changement d’équipe majeur, à la veille du deuxième anniversaire du Hirak, mouvement de contestation populaire né en février 2019, a annoncé la présidence dans un communiqué. Le premier ministre, Abdelaziz Djerad, pourtant critiqué, reste à son poste ainsi que les détenteurs des ministères régaliens.
Un geste d’apaisement
Sont partants le ministre de l’énergie, Abdelmadjid Attar, et son collègue de l’industrie, Ferhat Aït Ali, très critiqué pour sa gestion du dossier de la relance de l’industrie automobile. Les ministres des ressources en eau, du tourisme, de l’environnement et des travaux publics quittent également le gouvernement. En revanche, le ministre de la justice, Belkacem Zeghmati, symbole de la répression judiciaire contre les militants du Hirak, garde son portefeuille, comme le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, qui a la haute main sur les médias.
Avant de s’envoler pour Berlin début janvier, pour s’y faire soigner de « complications » post-Covid-19, M. Tebboune avait pourtant exprimé publiquement son insatisfaction devant l’action du gouvernement Djerad. « Ce remaniement concernera des secteurs qui enregistrent des déficits dans leur gestion ressentis par les citoyens et nous mêmes », avait-il alors promis.
Pour répondre à la crise politique qui ébranle l’Algérie, M. Tebboune a également décrété jeudi une grâce présidentielle en faveur d’une soixantaine de détenus d’opinion, un geste d’apaisement adressé au mouvement du Hirak. Depuis, près de quarante prisonniers ont été libérés, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).
Emmanuel Macron « a salué l’amnistie décidée par le président Abdelmadjid Tebboune » lors d’un entretien téléphonique entre les deux hommes samedi, a rapporté l’Elysée dimanche. « Le président de la République lui a fait part de son soutien à la mise œuvre des réformes en cours », ajoute la présidence française. « Les deux chefs d’Etat sont convenus de renforcer les échanges et la coopération entre la France et l’Algérie », poursuit-elle.
Source : Le Monde avec AFP